Max Reger Hiller-Variationen - Suite pour ballet op 130 Davis - C090841 - Orfeo - Classique

Durant ses années munichoises, Colin Davis grava quelques albums mémorables, y refaisant son Oedipus rex mais abordant également des œuvres nouvelles dans sa discographie. Son album Reger reste un rien inégal face à la réussite incontestable de sa Symphonie Ecossaise, ses Variations Hiller tirent à la ligne, trop épaisses d’orchestre, sans le grand geste avec lequel Joseph Keilberth les empoignait dès le thème. Davis se perd un rien dans ce vaste arc qu’il peine à tendre, s’attardant d’abord aux passages lyriques plutôt qu’à l’exaltation de la forme. Pourtant cette belle lecture un peu vide cache une pure merveille, sa version tendre, délicieusement lyrique de la rare Ballettsuite, pantomime où les personnages de la commedia d’dell’arte paraissent dans des décors sonores délicieusement néobaroques. Davis en savoure les clairs obscurs (l’Adagietto), comme les épisodes les plus vifs. Soudain les munichois allégent leurs sonorités, l’œuvre est surprenante, probablement la plus délicieusement insaisissable qu’ait écrite Reger. Dommage qu’en place des Variations Hiller ils n’aient pas gravé ensemble la Suite Böcklin… (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Les onze variations qui reposent sur le thème de Hiller – compositeur du 18e siècle – datent de 1907. Le classicisme n’est que le prétexte au déploiement d’un orchestre postromantique splendide dont on trouve trace dans toute l’œuvre symphonique de Reger. Davis joue de la rapidité des changements d’atmosphères, d’une écriture harmonique complexe qu’il fait “danser” avec une chaleur extraordinaire. Il est vrai que les pupitres rugueux de la formation bavaroise transfigurent cette musique d’un élan irrépressible et d’une générosité de tous les instants. La Suite de ballet composée en 1913 est rendue avec une impulsion grandiose et orchestrale. La partition regorge de trouvailles harmoniques, d’alliages sonores. Ils ne sont pas sans rappeler – bien que les styles diffèrent– quelques-uns des derniers poèmes symphoniques de Richard Strauss. À la veille de la Première Guerre mondiale, les divers épisodes de cette musique portent les ultimes feux du romantisme germanique. Le chef traduit avec beaucoup de précision et de sensibilité, les six tableaux de cette musique, hélas si rarement programmée en concert. Deux partitions d’envergure qui n’ont été enregistrées presque exclusivement que par les orchestres germaniques. À noter, une excellente prise de son bien définie dans la profondeur de l’orchestre. (Jean Dandrésy)