 Dans l’Eglise d’Abersee, à l’automne 1989, les Artis enregistraient pour Orfeo ce qui devait être le premier jalon d’une intégrale des trois Quatuors de Johannes Brahms. Le Deuxième suivra durant l’hiver, jamais le Troisième que les Artis finirent par renoncer à enregistrer. Ils avaient trouvé l’équilibre parfait pour les deux volets de l’Opus 51, entre héroïsme et lyrisme, ne forçant pas les traits, réfutant l’illusion symphonique si saisissante que les Berg avaient proclamé avec éclat dans l’un comme dans l’autre. Non, les Artis ne hausseraient pas leurs voix. Dans les élans de l’Allegro du Quatuor en do mineur, dans la furia de son final, ils introduisaient une nuance de compassion schubertienne, des ombres et des contrechants, et des rubatos où l’harmonie venait se diaprer, merveille ! Quel automne dans la grande ballade qui ouvre le Quatuor en la mineur, quelles effusions nostalgiques, quelle présence sans cesse de ces lieder sans paroles qui font chante l’archet de Peter Schuhmayer……raison de plus de regretter l’absence du solaire Troisième, et de s’en consoler au long de ce disque inspiré qui vous fera redécouvrir ces deux opus que vous croyez si bien connaitre. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  En 1980, soit dix ans après sa fondation, le Quatuor Artis est déjà l’une des formations internationales les plus remarquables. Les musiciens impressionnent par leur technique et leur connaissance du répertoire classique et romantique germanique. Dans les deux opus que nous entendons, Brahms rend clairement hommage aux Quatuors Razoumovski de Beethoven. L’ampleur symphonique des deux quatuors surprend. Les modulations audacieuses, les thèmes dramatiques, les formules savantes peuvent “noyer” des ensembles qui ne seraient pas rompus à des œuvres qui exigent une concentration maximale et, surtout, une endurance à toute épreuve. Pas une baisse de tension, ici, dans la lecture grandiose et d’une expressivité farouche des Artis, jusque dans la Romanza du premier opus ou bien l’Andante moderato du second. Ils ne laissent jamais échapper la pulsation interne. La sonorité chaude de leur lecture, le vibrato qui enchante leur archet et pour tout dire, l’intelligence de leur approche place cette lecture parmi les grands jalons de la discographie des cinquante dernières années, qu’il s’agisse des quatuors Berg, New Budapest, Cleveland, Takacs, Prazak, Italiano et Tokyo. C’est peu dire l’intérêt de cette réédition. (Jean Dandrésy)

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