Le Kroesbergen d’après Coucher dévide son écheveau solaire, sur ses rayons l’archet de Ryuo Terakado semble infini, déroulant la longue phrase de la Sicilienne qui ouvre la Sonate en ut mineur. Le timbre de voix humaine du Giovanni Grancino, un grand violon de ce luthier milanais du 17e Siècle dont on redécouvre les instruments qui ne le cèdent en rien face à ceux des luthiers crémonais, donne des couleurs et des respirations toutes vocales au jeu de Ryo Terakado pour mieux enchanter les adagios si souvent nostalgiques dans les échanges concerté des deux amis, écoutez seulement l’Adagio de la même Sonate, ce grave si éloquent et pourtant sans un effet. Pour qui comprend si intimement la musique de Bach, il suffit probablement de la jouer ainsi simplement, quasiment comme une lecture, sans chercher à l’orner, en se concentrant sur la pureté des lignes. Voici donc la nouvelle intégrale majeure de ces Sonates bouclée, elle fera date tant tout y semble à la fois évident et émouvant. Ryo Terakado et Fabio Bonizzoni ajoutent quatre mouvements tirés de versions plus anciennes de la Sonate BWV 1019 – la Courante est pour le seul clavecin – ouvrant la porte sur l’éternel atelier de musique de Johann Sebastian Bach. Maintenant que la boucle est bouclée, quel nouveau territoire exploreront-il s? Le grand livre des Sonates de violon françaises, à commencer par celles de Jean-Marie Leclair, les espère. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Performing the complete sonatas for violin and harpsichord is like embarking on a long hike; heavy, difficult, sometimes dangerous. Playing them is not an activity for lazy people: you need to enjoy making an effort. As in the mountains on difficult terrain, every step needs concentration, good balance, the ability to sense danger, to foresee the unstable stone. The complete cycle is like a long hike; one that leaves your legs tired and maybe painful the next day but at the same time one that enriches your eyes and soul with the beauty of ever-changing landscapes. It is like starting from a valley on soft grass and starting to ascend slowly, step by step, reaching the woods, seeing the type of trees changing. Eventually the forest is left behind and we are again on the grass, but more sparse now, and the first rocks are looming closer and closer. The snow is not far away either… There is not a moment or a view that is not memorable, that will not leave a significant imprint in our memory; a gem, a hidden flower, an unexpected harmony, a daring counterpoint, a melancholic melody. And as one does not need to be a geologist or a botanist to be moved by the beauties of the mountains, similarly one does not need to be a musician to listen passionately to these sonatas. (Fabio Bonizzoni)
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