 Nous sommes dans un jardin de Jérusalem, tout proche du lieu du crâne - le Golgotha - où devant une tombe fraîchement refermée, trente-trois anges nous entourent pour nous dire l’histoire sacrée de Jean, qui diffuse depuis plus de vingt siècles, dans une version du maître universel de la musique – Johann Sebastian Bach (1685-1750) - et ces anges, Gli Angeli - on dit qu’ils viendraient de Genève - nous invitent à l’introspection. Le rituel est funèbre, noir, bercé d’une douce lumière et avance d’un pas inexorable dans l’urgence d’une trahison, d’un procès et d’une mise à mort. Le conteur, merveilleux évangéliste du ténor Werner Güra, distribue une parole aérienne, toute d’épure luthérienne, par triangulation. Là se trouve le chef, le gouverneur Pilate, Stephan MacLeod, puissant, hautain, qui manipule l’assistance avec l’arrogance d’une voix de basse ronde, chaude, racée et dirige les musiciens avec distance, comme si la liberté qu’il leur laisse ne serait qu’illusion et emprisonnerait les sons dans la tombe. En miroir, le timbre de basse de Drew Santini est quasi identique, mais tendre, résigné et confine à l’au-delà car Jésus le sait, si tout est écrit d’avance il est « La Vérité »… Alors dans ce qui ne pourrait être que l’énième enregistrement de la St-Jean de Bach, le chœur resserré, formé des solistes, souligne avec une ferveur glaciale le drame, et les arias, portés par un continuo crépusculaire, invitent à interroger notre subconscient sur le sens du divin. Ces anges genevois déclament une passion sincère, honnête, ascétique, d’une force et d’une beauté incomparable, qui nous rappelle les premiers mots de Jean, le disciple que Jésus aimait, « au commencement était la parole, et la parole était auprès de Dieu, et la parole était Dieu ». (Florestan de Marucaverde)  According to the obituary written by his son Carl Philip Emmanuel and his former pupil Johann Friedrich Agricola, Johann Sebastian Bach composed five Passions, including “one for two choirs” (the St Matthew Passion). However, only two of them have survived in their entirety. A third one, the St Mark Passion, has given rise to various reconstructions, and the last two, if they at all existed, are irretrievably lost. Of the two Passions that have come down to us, the St John Passion was the first to be composed; Bach had it performed for the first time in the St Nicholas Church less than a year after taking up his post in Leipzig, on 7 April 1724 (he had taken the liberty of announcing it to the St Thomas Church, which earned him a reprimand; he got away with a somewhat ironic letter of apology). The work was again performed the following year, this time at St Thomas’, and most likely on further occasions in 1732, 1739 and 1749, with various revisions.
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