Ferdinand Ries (1784-1838)
Trio pour piano, clarinette et violoncelle en sol mineur, op. 28
Sonate sentimentale pour clarinette et piano en mi bémol majeur, op. 169
Sonate pour clarinette et piano en sol mineur, op. 29

Vlad Weverbergh, clarinette
Jadranka Gasparovic, violoncelle
Vasily Ilisavsky, piano

Longtemps sous-estimé dans l’ombre de Beethoven, dont il fut à la fois l’élève et l’ami, Ferdinand Ries (1784-1838) bénéficie aujourd’hui d’une discographie de qualité et très largement documentée dans les différents genres et styles de composition qu’il pratiqua : musique de chambre, symphonies au nombre de huit, et dix concertos pour violon, deux cors, et piano, lui-même étant excellent pianiste, complétés par six œuvres concertantes variées pour ce dernier instrument. La part très importante prise dans cette production par la musique de chambre est de nouveau illustrée par cet enregistrement qui, outre le brillant Trio en Sol mineur et quatre mouvements de 1810, présente ses deux Sonates pour clarinette et piano. Celle en Sol mineur op. 29 est datée de 1809 mais ne fut publiée par Simrock qu’en 1812, et marque une étape importante de l’affirmation de la clarinette comme instrument chambriste, exploitant tout son potentiel coloristique et lyrique dans un équilibre parfait entre une écriture efficace et un matériau thématique élaboré. Une grande partie de la structure du premier mouvement utilise d’ailleurs des procédures musicales que Beethoven avait mises en œuvre dans sa Sonate « Waldstein » op. 53 et sa cinquième Symphonie op. 67. La Sonate en Mi bémol op. 169 fut initialement composée pour flûte en 1813 mais adaptée par Ries lui-même pour la clarinette en 1814. Elle porte l’épithète de « Sentimentale », mais ne nous y trompons pas l’adjectif ne renvoie pas au sens affadi et doucereux que nous connaissons aujourd’hui. Il est à prendre dans le sens que lui donnent Sterne dans "A Sentimental journey through France and Italy" (1768) et Flaubert dans "L’Éducation sentimentale" (1869), celui d’une découverte de tous les sentiments susceptibles d’être éprouvés au cours d’une vie. De fait cette œuvre reflète les inquiétudes et les joies d’une période de la vie affective de Ries lorsque ce dernier recueille la direction de la Philharmonic Society of London. Elle requiert de ses interprètes une ductilité expressive parfaitement réalisée ici tout au long de cet enregistrement par Vlad Weverbergh, Jadranka Gasparovic et Vasily Ilisavsky, qui reprennent avec de supérieures qualités d’ensemble le même programme que Dieter Klöcker, Armin Fromm et Thomas Duis avaient illustré dans leur enregistrement CPO 777 036-2 de 2004. Ries compositeur secondaire et de transition entre classicisme et romantisme, peut-être, mais qui mérite d’être reconnu grâce à des interprétations de si bonnes et belles qualités. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)

Ferdinand Ries may still be known almost exclusively to the musical world as Beethoven’s friend, pupil, secretary and first biographer, but Brilliant Classics have done much to broaden our understanding of this significant figure in the Vienna of the early 19th century with albums of his own compositions, notably his sonatas for violin, cello and flute and his Piano Quintet. In fact the Op.28 Clarinet Trio is one of Ries’s best-known pieces, as well it might be for the mellifluous appeal of its writing for all three instruments. While the top line may also be taken by violin, it belongs most harmoniously to the clarinet’s singing register and hardly suffers by comparison with Beethoven’s Op.11 Trio for the same combination of instruments. As grateful as the clarinet writing is the rippling piano part, which supports the other instruments with unfailingly genial warmth before coming to the fore in the finale with some virtuosic passagework as if to demonstrate that the pianist-composer could turn a trick or two himself. The two sonatas for clarinet and piano are much more Romantic-sounding, atmospherically evocative and forward-looking pieces. The Op.29 work begins with a passionately pleading slow introduction, which segues masterfully into a main Allegro of positively Schubertian vitality. After a brief but deeply felt slow movement, the finale mirrors the first movement’s form and intensifies the tempestuous, troubled expression of the sonata as a whole. The E flat major Sonata Op.129 is all sunshine compared to Op.29’s storm and thunder: a delight from start to finish, inflected by the kind of Italianate drama and cantabile that began to make its mark on German and Austrian composers in the 1810s and 20s, most notably in the clarinet writing of Carl Maria von Weber. As one of Belgium’s foremost clarinettists, Vlad Weverbergh has his own big band and klezmer group, but he is also a member of I Solisti del Vento, the wind ensemble uniting the finest Belgian wind players. He has made a speciality of reviving, performing and recording lesser-known treasures of the clarinet repertoire, as well as collecting and playing instruments from the rich history of the clarinet, such as the unusual clarinetto d’amore which he uses on this recording.