Au début, on est terrorisé : houlala, encore une espèce de truc branché avec Bach pour piano et saxophone, on n'attend plus que de pied ferme la guitare électrique ou la guimbarde Martenot. Mais non, le saxo n'est là que pour une seule œuvre, un arrangement de cette pièce que nous avons toujours tenu pour la plus bouleversante de Franck, son Prélude, fugue et variation. Qui de l'orgue à l'harmonium en aura vu bien d'autres, et dont rien n'égalera jamais l'arrangement pour piano (le plus souvent par Harold Bauer). Autre chose, notre perplexité : ce disque est indiqué avec seize plages... et personne ne s'est aperçu qu'il y en avait encore une dix-septième, une petite conclusion bachienne (bachique?). Etonnant, monsieur Cyclopède ! Mais bref, à partir de notre Cantor, lui-même tournant notamment autour de son très admiré Vivaldi, on tournicote en divers arrangements ou paraphrases connues, ces incontournables de Liszt et de Busoni (mais pas la fameuse Chaconne, dont Brahms donna lui aussi sa version, dommage). Le pianiste ici, formé à Moscou, est attaché aux pianos Bechstein, ce qui par rapport au rituel Steinway lisse un peu la profondeur de son jeu, surtout parfois dans cette tendance un tout petit peu tricoteuse (la première œuvre du disque ou sa partie lisztienne), et bien davantage dans cette prise de son un tantinet arasante et molle (pousser son volume de son d'ampli encore plus sévèrement que mémère dans les orties!). Mais enfin, pas mal quand même, d'un interprète et enregistreur déjà bien confirmé de Bach, et tant de ces œuvres ressort toujours la splendeur de leur vérité. (Gilles-Daniel Percet)
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