Gustav Mahler (1860-1911)
Urlicht, extrait de "Des Knaben Wunderhorn" (arr. C. Gottwald)
Adagietto "Im Abendrott", extrait de la symphonie n° 5 en do dièse mineur (arr. C. Gottwald)

Mischa Spoliansky (1898-1985)
Das Lila-Lied (arr. D. Capelletti)
L'heure bleue (arr. D. Capelletti)

Erwin Schulhoff (1894-1942)
Fox-Trot, extrait de "Suite dansante en jazz", WV 98

Kurt Weill (1900-1950)
Youkali, extrait de "Marie Galante" (arr. D. Capelletti)

Alma Mahler (1879-1964)
Die stille Stadt (arr. C. Gottwald)

Ilse Weber (1903-1944)
Ich wandre durch Theresienstadt (arr. W. Radeke)
Wiegala (arr. A. De Ley)

Hanns Eisler (1898-1962)
Der Graben (arr. D. Capelletti)

Viktor Ullmann (1898-1944)
Berjoskele, extrait de "3 Jiddische Lieder", op. 53 n° 1

Carlo Sigmund Taube (1897-1944)
Ein jüdisches Kind

Gideon Klein (1919-1945)
Lullaby
Ukolébakva

Estelle Lefort, soprano
Evi Roelants, soprano
Koenraad Sterckx, piano
Didier Poskin, violoncelle
Vlaams Radiokoor
Soloists Brussels Philharmonic
Bart Van Reyn, direction

Cet album signé du Vlaams Radiokoor et de solistes du philharmonique de Bruxelles s’intéresse à la musique "dégénérée" ainsi appelée parce qu’elle ne correspondait aux codes édictés par le régime nazi. Étaient catalogués "entartete musik" : le jazz, la musique atonale, la musique des noirs, des juifs et des bolchéviques. On trouve aussi dans ce programme éclectique et passionnant deux très beaux lieder pour chœur a cappella, le merveilleux "Die Stille Nacht" d’Alma Mahler et "Ich wandre durch Therensienstadt" d’Ilse Weber (écrivaine qui sera déportée à Auschwitz) chantés ici avec une émouvante ferveur par le chœur. Deux compositeurs issus du camp de Therensienstadt, Victor Ullman est représenté ici par un de ses "Jiddische lieder" et Gideon Klein par une délicate et déchirante berceuse pour violoncelle et piano. Comme Weill (Youkali) et Eisler (Der Graben), le russe Mischa Spoliansky fit fureur à Berlin avec ses chansons de cabaret avant de trouver refuge à Londres. La chanteuse Estelle Lefort s’y montre à son meilleur, timbre cristallin et velouté. Enfin un délicieux foxtrot jazzy signé Schulhoff achève de rendre le disque indispensable. En revanche les deux arrangements pour chœur de l’Urlicht (Des Knaben Wunderhorn) et de l’Adagietto (5ème symphonie) de Gustav Mahler signés Clytus Gottwald ont peu à voir avec la thématique même s’ils sont chantés ici avec une belle tenue. (Jérôme Angouillant)

In 1938, at the Reichsmusiktage in Düsseldorf, the Nazi regime opened an exhibition around music with the theme: 'Entartete Musik'. They collected examples of what they considered degenerate music: jazz or 'Nigger-Musik', the atonal expressions of the Second Viennese School, music by Jewish composers, 'music bolshevism'. Gustav Mahler, Kurt Weill, Hanns Eisler, Mischa Spoliansky; these were just a few names on the long list of depraved composers. Numerous musicians and composers felt the pinch in the early 1930s and promptly emigrated abroad, where they often had to start again from scratch. Others were deported to one of the concentration camps or, if they were more 'lucky', to the model ghetto in Theresienstadt. While there, music offered a welcome distraction from the harsh conditions and continuous fear. Most of them eventually perished, and all were almost forgotten after the war. Now they sound again.