Emilie Mayer (1812-1883)
Ouverture en ré mineur
Ouverture n° 2 en ré majeur
Ouverture n° 3 en do majeur
Ouverture "Faust" en si mineur, op. 46
Concerto pour piano en si bémol majeur

Tobias Koch, pianoforte (Julius Blüthner, Leipzig 1859)
Kölner Akademie
Michael Alexander Willens, direction

Sculptrice et compositrice à la fois, l’artiste allemande Emilie Mayer étudia à Szczecin, auprès de Carl Loewe puis acheva ses études à Berlin. Quelques-unes de ses partitions dont sa Symphonie en si mineur connurent un certain succès en Allemagne. Elle dépensa énormément d’argent et d’énergie pour promouvoir sa musique, ce qui la ruina en partie. Elle est considérée aujourd’hui comme l’une des plus prolifiques compositrices de l’époque romantique. D’une veine toute romantique – dans la lignée de Berlioz, Mendelssohn et Schumann – les trois premières ouvertures (ré mineur, sol et ré majeur) sont interprétées avec beaucoup de vigueur et de flamme. Les thèmes sont charmants et leur caractère dansant et parfois héroïque n’est jamais appuyé. La Kölner Akademie aère ces pages qui sont comme des ouvertures d’opéras comiques. Elles ont beaucoup de saveur et de tempérament. L’Ouverture de Faust (1880) est d’une veine plus dense. Le sujet s’y prête et l’on entend quelques réminiscences des écritures de Berlioz, Liszt et Brahms dans le long développement. Comme toujours chez Mayer, l’intensité dramatique est savamment dosée. Achevé en 1857, le Concerto pour piano bénéficie pour le soliste, d’un piano Blüthner de 1859. Sur le plan de la forme, la partition rend hommage à Mozart et Beethoven. L’influence de Mozart est plus marquée encore dans la partie pianistique. Il est vrai que les couleurs délicatement timbrées du très joli Blüthner de Leipzig aident à l’expression aérienne d’une œuvre sans prétention, mais particulièrement bien écrite. Une belle découverte. (Jean Dandrésy)

Ce nouveau volume chez CPO consacré à l’œuvre d’Emilie Mayer s’intéresse à des œuvres orchestrales. Seules quatre ouvertures sur les douze qu’elle aurait écrites ont survécu dans leur intégralité. Elles témoignent de la remarquable maîtrise de l’écriture symphonique et de l’inventivité thématique renouvelant une narration musicale captivante. L’Ouverture n° 2 (fin des années 1840) est la plus ancienne ayant subsisté. Sa merveilleuse expressivité dramatique est soutenue par une orchestration colorée. L’Ouverture n° 3 (années 1850) alterne caractère affirmé et flamboyant et épisodes gracieux. L’Ouverture en ré mineur écrite par la suite bénéficie d’un rythme prenant jouant sur les accents dramatiques et les contrastes entre timbres bucoliques des bois et des cordes ponctués par les accents nerveux et martiaux de percussions et de cuivres. L’Ouverture de Faust (1880), œuvre majestueuse et superbement écrite, fut la plus célèbre. À la sombre introduction succède une tension aux accents théâtraux s’apaisant momentanément sous la forme d’un majestueux choral symphonique et de rythmes dansants et tourbillonnants à l’angoisse sous-jacente menant à un final triomphant. Le concerto pour piano, écrit probablement entre 1853 et 1857, déploie un discours volubile des plus plaisants. Son style affirmé et inspiré n’est pas sans rappeler certaines tournures mozartiennes. Le piano y est brillant privilégiant toujours la musicalité à l’exubérance. Faut-il encore le dire : Emilie Mayer est une compositrice dont la qualité de l’œuvre se mesure aux plus grands noms de l’époque. (Laurent Mineau)

In our successful and extensive Emilie Mayer Edition, we now present overtures and a piano concerto by Europe's greatest composer, who occupies a singular position in the musical world of her time, and indeed, no other composer of her generation allowed herself to be so little impressed by patriarchal gender conceit and rigid role attributions as she! Her Faust Overture was very popular at the time; there is evidence of several performances in the early 1880s. Although it is in sonata form, it is overlaid with unusual dramaturgical aspects related to the subject. Her Piano Concerto in B flat major (as far as is known, Emilie Mayer's only concertante composition) is a prime example of an individually handled classical approach.