Johann Andreas Streicher (1761-1833)
Rondeau ou Caprice, op. 1 n° 1
La pensée de l'objet chéri
Sept Variations pour le Piano-Forte, op. 2
Six Variations pour le clavecin à 4 mains

Nannette Streicher (1769-1833)
Klage über den frühen Tod derr Jungfer Ursula Saboma Stage in Augsburg
Deux Marches pour le Piano-Forte
Grande Sonate pour le Piano-Forte

Christian Friedrich Daniel Schubart (1739-1791)
An mein Clavier

Tobias Koch, pianoforte
Sarah Wegener, soprano
Stefania Neonato, pianoforte

L’intérêt de cet enregistrement est triple. Du point de vue de l’organologie historique, il met à l’honneur deux instruments d’une prestigieuse dynastie de facteurs de piano : un Fortepiano de Johann Andreas Stein (1784), confectionné à Augsburg, puis un Fortepiano de Anna Maria (Nannette) Streicher (1768-1833), née Stein, produit à Vienne en 1814. Du point de vue stylistique, il permet de mieux saisir le rapport existant entre une certaine esthétique d’époque —de l’Empfindlichkeit au pré-romantisme — et les moyens techniques de ses formes d’expression. Enfin, d’un point de vue strictement biographique, il jette un rai de lumière important sur deux personnalités qui furent simultanément entrepreneurs, pédagogues et compositeurs. Époux de Nannette Stein en 1793, Johann Andreas Streicher était un ami proche du poète Schiller, puis de Goethe, évoluant dans la société cultivée d’Augsburg et de Vienne à partir de 1794, mais aussi un professeur de piano, interprète renommé et compositeur à la mode. Sa manufacture acquit rapidement une très grande renommée. Nannette, quant à elle, jouait en 1777, avec son père et Mozart une des parties du Triple Concerto Kv 242 de ce dernier. Elle fut la « bonne Samaritaine » de Beethoven, de 1817 à sa mort, honorée d’une ébauche manuscrite de la Sonate Hammerklavier. L’entreprise déposa de nombreux brevets et fournit des instruments de plus en plus puissants avec des simili orchestraux qui firent sa renommée. Le présent CD documente parfaitement ces différents aspects. De Nannette, il fait entendre une émouvante plainte élégiaque pour Soprano de 1788, Klage über den frühen Tod der Jungfer Ursula Sabina Stage, et Deux Marches pour piano de 1827. De Johann Andreas, il fait découvrir le Rondeau ou Caprice op. 1 de 1796, proche des variations de jeunesse de Beethoven et le Lied La Pensée de l’objet chéri pour Soprano, de datation inconnue, sur un texte français de Parny. Les VII Variations pour le Piano-Forte op. 2 de 1807, rappellent le style des variations contemporaines de Weber. Les VI Variationen pour le Clavecin a quadro Mani de 1787 sont interprétées ici non sur le même clavier mais sur les instruments de 1784 et 1814, ce qui ajoute une dimension expérimentale de différenciation des timbres à leur intérêt comme exercices pour l’élève et le maître. La Grande Sonate de 1802, d’une durée de plus de 30 minutes, démontre simultanément l’ampleur de conception et le dessein expressif d’un Streicher proche de Hummel, à l’époque où Beethoven compose les trois Sonates op. 31. En complément judicieux, le Lied An mein Klavier de Christian Friedrich Daniel Schubart (1739-1791) fournit l’occasion d’entendre ses Idées pour une esthétique de la musique (1784) mises en œuvre en pleine période Sturm und Drang. Tobias Koch, Sarah Wegener et Stefania Neonato sont les interprètes très inspirés de cette remarquable anthologie, qui ajoute considérablement à l’essai réalisé dernièrement pour Gramola (99273) par Ines Schüttengruber. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)

It was not only as a married couple that they were devoted to each other - Nannette and Andreas Streicher, two equally influential and fascinatingly versatile personalities in the history of music at the end of the 18th and beginning of the 19th century. Together, with one of the most important Viennese piano manufacturers, they had a decisive influence on the piano sound of their time. In addition to their joint, impressively successful entrepreneurial commitment, both also enjoyed a high reputation as concert pianists. As if that were not enough, they also distinguished themselves with a remarkably similar artistic self-image in composition and music education. Despite high instrumental esteem, however, there has surprisingly been virtually no discussion of their compositions to date: With the exception of Andreas Streicher's subtly varied Rondeau ou Caprice, all the works on this recording are first recordings. The focus is on the works for fortepiano, interpreted by Tobias Koch, who has been fascinated by the expressive possibilities of historical keyboard instruments since the beginning of his musical career. Naturally, in the stylistic classification of their piano works, it becomes clear how exemplary both of them are in their conceptual orientation towards the strings' own sound ideal.