Giacomo Puccini (1858-1924)
ll Trittico (Le Triptyque), cycle de 3 opéras

Roman Burdenko, baryton (Michele)
Asmik Grigorian, soprano (Giorgetta)
Joshua Guerrero, ténor (Luigi)
Andrea Giovannini, ténor (Tinca)
(Il Tabarro)

Asmik Grigorian, soprano (Suor Angelika)
Karita Mattila, soprano (La Zia Principessa)
Hanna Schwarz, mezzo-soprano (La Badessa)
Enkelejda Shkosa, mezzo-soprano (La Suora Zelatrice)
(Suor Angelica)

Misha Kiria, baryton (Gianni Schicchi)
Asmik Grigorian, soprano (Lauretta)
Enkelejda Shkosa, mezzo-soprano (Zita)
Alexey Neklyudov, ténor (Rinuccio)
(Gianni Schicchi

Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Jörn Hinnerk Andresen, direction
Salzburger Festpiele und Theatre Kinderchor
Wolfgang Götz, direction
Wiener Philharmoniker
Franz Welser-Möst, direction
Christof Loy, mise en scène

Christof Loy désencombre "Il Trittico", peu de meubles, et encore moins de décorum, avec en point d’orgue un coup de génie à la fin de "Suor Angelica" : la nonne, abandonnant l’habit sacerdotal, redevient femme dans une vie civile avec son enfant bien vivant. Le couvent c’était donc l’enfer, impossible d’en douter après la violence épouvantable de la scène avec la Principessa. Vraiment inexorable, Karita Mattila est terrifiante face à l’Angelica résistante d’Asmik Grigorian autour de laquelle Salzbourg aura construit ce nouveau "Trittico" sans respecter l’ordre voulu par le compositeur. On commencera donc par l’épisode florentin, pour poursuivre à Paris et finir au couvent. Pour "Gianni Schicchi" le geste saura être aussi brillant que mordant, la comédie fusante mais sans grotesque, comme prise absolument dans le pur joyau de musique qu’y a distillé la plume alerte de Puccini : il suffit d’entendre le chant stylé de l’usurpateur selon Misha Kiria pour comprendre que la farce n’aura pas sa place ici, mais une galerie de portraits sentis tous incarnés avec art. Sur les bords de la Seine Asmik Grigorian nous remboursera de sa Lauretta un peu trop mure dans la comédie florentine par une Giorgetta qui en remontrerait au souvenir indélébile qu’en laissa Leontyne Price. Les deux hommes seront au même niveau, Burdenko terrible dans la scène finale, Guerrero séducteur et juste veule comme il faut, sur tous Franz Welser-Möst et les Viennois peignant avec art et émotion le plus bel orchestre qu’ait écrit Puccini. Ils ne décevront pas dans "Suor Angelica", pour le vitrail comme pour la terreur, restant un rien en retrait à Florence, est-ce en accord avec le geste du metteur en scène qui ne veut pas déboutonner ? Une palme supplémentaire pour Enkelejda Shkosa, l’autre fil rouge féminin de ce "Trittico", Zita impayable, Frugola émouvante, Suora Zelatrice si juste de mots. Ne négligez pas ce "Trittico", simplement le meilleur en vidéo. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Au superbe triptyque du Royal Opera House de Londres (DVD Opus Arte 2011) s’ajoute aujourd’hui celui de Salzbourg (2022) qu’illumine Asmik Grigorian. Christof Loy a eu l’idée lumineuse de modifier l’ordre des trois œuvres que lie le thème de la mort : mort naturelle, assassinat, communion dans la mort. Ainsi se succèdent « Gianni Schicchi », « Il Tabarro » et « Suor Angelica ». Ce déroulement magnifie la progression émotionnelle dans une mise en scène expressionniste réussie. Parfois débordant dans les moments forts, l’orchestre dévoile toute la limpidité mélodique et le raffinement de l’écriture puccinienne. Misha Kiria est un Gianni Schicchi parfait, Roman Burdenko campe un grand Michele, les jeunes ténors Alexey Neklyudov et Dean Power brillent, Joshua Guerrero enchante par son lyrisme, Karita Mattila impressionne par sa dureté. Et puis, il y a Asmik Grigorian prodigieuse d’aisance vocale et de présence scénique dans les rôles de Lauretta, Giorgetta et Angelica. Son « O mio babbino caro » est un bijou de tendresse. Dans « Il Tabarro », elle n’est que lassitude et désespoir. L’apothéose viendra avec « Suor Angelica » dans le face à face d’une violence rare avec une Karita Mattila implacable. Sa bouleversante supplique « Senza mamma » et la scène du miracle portent l’œuvre au sommet de l’émotion lyrique. Inoubliable ! (Gérard Martin)

Il trittico was premiered in New York on 14 December 1918, composed while the First World War was still raging in Europe. At first glance, the three one-act operas Gianni Schicchi, Il tabarro and Suor Angelica seem to have no connection with each other; their common denominator is solely the entanglement of man in a fateful destiny that only exceptionally, for a moment, seems to promise a happy outcome to the “adventure of life” - a set of themes that in its complexity seems to be in such good hands with few directors as with Christof Loy. The main female roles in the three opera acts are performed by the Lithuanian soprano Asmik Grigorian, a very rare and tremendous feat, but once again connects the works to each other.