 Dès les premières mesures, on songe à la Sonate pour violon et piano de Franck. Quelle étonnante musique que celle de Paolo Litta. Né en Suède, d’une mère suédoise et d’un père italien, Paolo Litta mena une carrière de pianiste et d’enseignant en Europe. L’œuvre repose sur trois influences. La première évoque le "Ring des Nibelung" de Wagner, la seconde, le roman Bruges-la-Morte (1892) de Georges Rodenbach (1855-1898) et la troisième, les toiles de Paul Gauguin. Le postromantisme et le symbolisme du poète et romancier belge, les couleurs chatoyantes de la peinture nourrissent une œuvre musicale à la fois passionnée et désespérée. La clarté et la présence de la prise de son valorisent le dialogue entre le violon d’Ilona Then-Bergh et le Bösendorfer de Michael Schäfer. On entre dans le lyrisme postromantique de cette immense partition tripartite d’une heure vingt de musique (plus de 82 minutes ce qui n’est pas loin d’un record pour un CD !). Elle fut composée entre 1909 et 1924. "Le Lac d’amour" est la première pièce, que l’on pourrait situer entre Franck et d’Indy. Une partition au charme enchanteur qui décompose le temps, au bord du rêve. "La Déesse nue" de 1912 est d’un langage plus épuré, influencé par le premier Alban Berg, celui de la Sonate pour piano. "Le Ménétrier", "la mort" est beaucoup plus tardif. En 1924, la pièce est sous-titrée “une Rhapsodie virtuose pour violon et piano”. Sa dimension n’est plus chambriste mais orchestrale. Superbe partition, superbe trilogie, d’une force expressive inouïe. (Jean Dandrésy)  You have never heard of Paolo Litta? The pianist Michael Schäfer will teach you better, because for 14 years the pianist has been digging up untiringly forgotten works in his Edition Un!erhört at GENUIN. With the concert trilogy by Paolo Litta, he and violinist Ilona Then-Bergh have discovered a particularly exciting major work of symbolism. In the successively published parts "Der Minne-See", "Die entschleierte Göttin" and "Der Tod als Fiedler", literature, art and music are interwoven into a total work of art. From Georges Rodenbach's novel Bruges-la-Morte, Paolo Litta took the setting and from Paul Gauguin the three-part form, which simultaneously symbolises the course of human life, birth, life and death. Richard Wagner's leitmotif flows into his work, combining all three parts. The music is very poetic, almost innocently playful in the first part "Der Minne-See", dramatic in the second part, in which the man's psyche struggles with suffering and doubt, and highly virtuoso in the last part, in which death approaches inexorably. On this recording, it is impossible not to hear how much Ilona Then-Bergh and Michael Schäfer merge with the composer's intentions. A discovery not to be missed!

|