 Le génie de Dvorák ne fut jamais aussi abouti qu’en dehors des formes classiques et seule la musique populaire lui permit ces échappées belles au fond si rares ! les "Danses Slaves" à l’orchestre, pour la voix les "Duos moraves", et coté chambre "Dumky", éblouissante suite de danses et de rêves qui trouve enfin sa grande version moderne. Boris Giltburg se perd avec délice dans les rythmes foudroyants, les irisations de cymbalum, savoure les instants nocturnes, inspirant tout un arc en ciel lyrique à Veronika Jaruskova et à Peter Jarusek échappés de leur Quatuor Pavel Haas. Plus d’une fois une nostalgie prégnante invite un quasi silence, tout ce qui doit jaillir jaillira, mais une dimension poétique supplémentaire augmente la prégnance de ces pages inouïes face auxquelles les trois grands Trios, admirablement construits, ouvragés avec art, pèsent peu en fait. Heureusement, les trois amis les tirent de l’ombre de Brahms dont tant de formations les auront embarrassés, soulignent les musiques de Bohème omniprésentes sous le discours classique, mettent un point d’honneur à faire chanter la foison de mélodies qui les embaument jusque dans leurs pages les plus sombres (le Trio en fa mineur, chef d’œuvre). (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Il y a quelque ambiguïté à désigner ce double CD comme "The Complete Piano Trios" de Dvorák. En effet, si les opus 21 de 1875, 26 de 1876, et 65 de 1883, répondent parfaitement au modèle quadripartite du genre, la référence au canon éclate totalement avec l’opus 90, de 1891, que le compositeur ne dénomme d’ailleurs pas Trio, mais Dumky, pluriel de Dumka, pièce populaire brève faisant alterner danses joyeuses et lyrisme mélancolique. Cet opus 90 fait ainsi se succéder six Dumka, Lento maestoso, Poco adagio, Andante, Andante moderato, Allegro, Lento maestoso, chacune pouvant d’ailleurs être interprétée isolément, et ne se rattache superficiellement au genre du trio que par la composition instrumentale. Comme le soulignait Janácek lors de la création de cette œuvre "C’est une source de lumière nouvelle qui a rayonné ici" car Dvorák y marie avec bonheur tous les ingrédients classiques et populaires de ce qu’on pourrait appeler des rhapsodies de chambre. Avec deux membres du très renommé Quatuor Pavel Haas, le pianiste Boris Giltburg ajoute à son répertoire des œuvres qui demandent des qualités d’interprétation différentes de celles qu’on lui a connues dans le répertoire instrumental pur (Beethoven, Liszt, Prokofiev) ou concertiste (Rachmaninov, Beethoven). On avait pu entrevoir ces qualités d’écoute mutuelle et fusionnelle dans les enregistrements remarqués du Quintette op. 34 de Brahms et des Quintettes op. 81 et 95 du même Dvorák. Mais, très curieusement ici, en dépit d’une prise de son superlative, l’osmose semble plus difficile à réaliser, particulièrement dans les Trios. Les allures plus libres, fantasques au meilleur sens du terme, des Dumky, semblent mieux convenir aux interprètes que celles plus convenues des Trios. La photo d’illustration, en couverture du CD, marque d’ailleurs significativement cette difficulté d’osmose par la présence de face des instrumentistes à cordes tandis que le pianiste semble être quelque peu de côté, en dépit de sa présence interprétative et sonore bien marquées, et doit tourner la tête pour fixer l’objectif… Expression par conséquent du léger regret que fait naître un enregistrement certes de qualité, mais ayant toutefois suscité plus d’espoirs de symbiose que ce que la réalisation laisse percevoir. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)  Piano Trio No. 4, “Dumky”, ranking among Antonín Dvorák’s most celebrated works, is one of the most frequently recorded chamber pieces there is. After attending a performance, with the composer on the piano, Leoš Janácek summed up his impressions succinctly: “A new source of light has flashed.” When it comes to Piano Trio No. 3, the renowned Vienna-based critic Eduard Hanslick called it a gem, demonstrating that Dvorák was “one of the best modern masters”. Piano Trios No. 1 and 2, however, have been scarcely performed. In this light, the complete recording of Dvorák’s piano trios is a project richly deserving attention. All the more so due to the artists who have made it: Boris Giltburg, winner of the Queen Elisabeth Competition and one of the world’s most distinguished contemporary pianists, alongside Veronika Jarušková and Peter Jarušek, members of the globally celebrated Pavel Haas Quartet, who have earned great recognition for performing Dvorák’s music – Gramophone Recording of the Year (quartets) and Gramophone Chamber Award (quintets, together with Giltburg). The three musicians featured on the album manifest an incredible chime. Possessing the uttermost technical brilliance, they breathe as one. The album was made at the studios in the picturesque Wye Valley, straddling the border between England and Wales, under the supervision of the legendary producer Andrew Keener while London was celebrating the coronation of Charles III. Exceptional moments for Dvorák’s exceptional music …

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