Heinrich Schütz (1585-1672)
Schwanengesang, SWV 482-494

La Capella Ducale
Musica Fiata
Roland Wilson, direction

En 1671, à 86 ans, c'est un Heinrich Schütz couvert de gloire (mais pas d'or...), sentant venir sa fin, dans une Allemagne encore mal remise de la Guerre de Trente ans, qui compose à Dresde son « chant du cygne » : une œuvre qu'il souhaitait qu'on jouât pour ses funérailles, et qui constitue son testament musical et spirituel. Elle se compose d'un monumental arrangement du plus long psaume de la Bible, le 119, « Heureux ceux qui sont intègres dans leur voie, qui marchent selon l'Eternel », d'un arrangement luthérien du plus court psaume 110 « Criez de joie pour le Seigneur, monde entier », et (plus surprenant en terre luthérienne) d'un Magnificat allemand. Pour cette œuvre testamentaire, Schütz adopte un style volontairement archaïsant. Les mélodies sont sobres. Il utilise deux choeurs de quatre voix. Cette œuvre nous étant parvenue incomplète, il faut faire des choix de reconstitution ; Roland Wilson, à la tête de la Capella Ducale et de son ensemble Musica Fiata, a fait celui, envisagé par Schütz, d'adjoindre aux deux orgues explicitement prévus par ce dernier un petit ensemble instrumental. Ce qui nous offre un album d'une grande beauté, d'une admirable ferveur contenue, reflet d'une foi inébranlable. (Marc Galand)