« La plus grande œuvre musicale de tous les temps et de tous les peoples. » - Hans Georg Nägeli, premier éditeur de la Messe en 1818. La messe en si de Bach fait partie sans doute des plus importantes et plus ambitieuses œuvres musicales de tous les temps. Composée sur près de 25 ans, du Sanctus écrit en 1724, en passant par la Missa écrite en 1733, et jusqu’aux mouvements restants de l’Ordinaire écrits dans les dernières années de sa vie, cette œuvre concentre en elle seule l’essence du style et des techniques de Bach. Une version radiante de Frieder Bernius et de son Kammerchor Stuttgart, basée sur les principes d’interprétation historique. Que peut-on attendre aujourd’hui d’un interprète dans La Messe en si mineur de Bach, l’un des plus haut chefs-d’œuvre de l’Histoire de la Musique ? Simplement tout. En effet, aucun chef n’a réellement convaincu dans ces polyphonies complexes, aux climats aussi changeants qu’impalpables. Il y a quelques années, à Paris, Frieder Bernius l’avait donné en concert, soirée d’où nous étions ressortis admiratifs. Tout était alors dans l’art du modelé, comme le sculpteur pétrissant son marbre, la polyphonie retrouvait sa véritable vie, ses lignes naturelles, et ses crescendos irrépressibles, sans brutalité ni agressivité. Ce double album très attendu en est le reflet, sans parvenir tout à fait à la même jouissance sonore. Ecoutez cependant comment le chef fait ressortir toutes les voix (Gloria, la fugue du Cum Sancto Spiritu), comment il les conduit dans le temps et l’espace (le Sanctus, incroyable), aidé en cela par un continuo très présent et engagé (Benedictus), et vous comprendrez pourquoi cette vision imparfaite mais aux formidables élans vitalistes (Dona nobis pacem) de Frieder Bernius est réellement plus importante que beaucoup d’autres (Gardiner, Herreweghe, Schreier, etc.). Une version à méditer. (Pierre-Yves Lascar)
|