Un rien bavard, le Concerto de jeunesse composé par Karel Kovarovic en 1887 s’oublierait aisément si son final endiablé possédait moins de charme, remboursant d’un premier mouvement pléthorique et d’un Larghetto trop sur la réserve, malgré la belle lecture qu’en offre Marek Kozak. Il s’en remboursera avec le chef d’œuvre du disque, l’électrisant Concerto de Vitezslava Kapralova se destinait à elle-même, compositeur génial et virtuose inspirée, bien trop tôt disparue : dans sa 25e année ! L’œuvre est fabuleuse de suractivité, d’une audace folle, fantasque, le piano caracolant dans un orchestre bariolé de couleurs, à elle seule cette partition stupéfiante suffirait à attester du génie de cette jeune femme dont Supraphon serait bien inspiré d’enregistrer l’intégrale d’un corpus plus vaste qu’on le suppose (un disque regroupant ses mélodies, pourtant récent, a été supprimé du catalogue de l’éditeur tchèque). Marek Kozak y est transcendant d’inspiration, tout comme la direction de Robert Jindra : écoutez le final, merveille qui fait comprendre l’admiration que lui vouait son professeur, Bohuslav Martinu. Quel dommage que la Radio Bavaroise ne publie pas les enregistrements que Rafael Kubelik consacra à ses partitions d’orchestre. Pour beaucoup le Second Concerto pour piano de Pavel Borkovec sera une révélation : son Agitato ténébreux prend au plexus, le Vivace empli d’une fougue surprenante rappellent que ses œuvres aujourd’hui largement oubliées figuraient au répertoire de Vaclav Neumann et de Karel Ancerl qui laissa d’ailleurs une version décisive de ce Concerto : n’hésitez pourtant pas à entendre ici Marek Kozak, qui supplante par le drive Antonin Jemelik, parfois débordé par l’orchestre d’Ancerl. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Trois Concertos oubliés certes mais aussi trois compositeurs tchèques rarement documentés au disque. On redécouvre Vitezslava Kapralova (1915-1940) depuis peu grâce à quelques enregistrements récents. Fille de musicien, elle apprend la composition et la direction d’orchestre à Prague puis à Paris auprès de Vaclav Talich, Martinu, Charles Munch et Nadia Boulanger. Avant sa mort prématurée à l’âge de vingt-cinq ans, elle compose un assez large corpus d’œuvres instrumentales et vocales dont ce Concerto pour Piano op. 7, travail de fin d’études au conservatoire. Brillante et volontiers romantique, l’œuvre déjà enregistrée (Lin Chang / Kiesler (Naxos) possède une orchestration luxuriante et une partie soliste envoûtante et narrative à la manière d’un Rachmaninov. L’aspect rêveur et impressionniste du bref Largo succède à la rigueur de la forme sonate du puissant Allegro entusiastico. Une force vitale et inextinguible que l’on retrouve ensuite de façon plus nuancée dans un mouvement final joueur et extraverti. Le Concerto de Karel Kovarovic (1862-1920) composé en 1887 reçut un aval enthousiaste de J.B. Foerster compositeur qui faisait alors autorité dans la vie musicale. D’une grande variété mélodique et harmonique, il semble un pendant aux grands concertos romantiques, de Chopin à Schumann en passant par Grieg. Élève de Foerster puis de Josef Suk, Pavel Borkovec (1894-1972) use d’une écriture plus radicale, dans la lignée d’un Hindemith ou d’un Honegger. La virtuosité débridée de la partie de piano évoquant aussi Prokofiev. Soutenu par un orchestre parfaitement synchrone, le jeune pianiste Marek Kozak est d’ailleurs tout à son affaire, comme s’il avait longuement travaillé chaque œuvre pour en exprimer toute l’essence. Une fabuleuse découverte. (Jérôme Angouillant) It would very much seem that the 19th- and 20th-century Czech piano concerto repertoire begins and ends with Dvorák and Martinu. The present recording, however, serves to prove that this is far from being the case. It contains three piano concertos that have been – undeservedly – overlooked. Vítezslava Kaprálová wrote the Piano Concerto in D minor, characterised by brilliant instrumentation and an engrossing solo part, at the age of 20 as her graduation work. The premiere, which she herself conducted, met with great critical acclaim. In 1937, the young composer moved to Paris to study with Bohuslav Martinu. Just a year later, Kaprálová was lauded at the International Society for Contemporary Music festival in London, which she opened conducting the BBC Orchestra performing her Military Sinfonietta. In 1940, when she was just 25, the gifted artist’s life and career were sadly terminated by a serious illness. At that very age, Karel Kovarovic created his one and only piano concerto. A pupil of Zdenek Fibich, he would later on primarily gain recognition as a conductor and serve as director of Prague’s National Theatre Opera (1900–1920). Kovarovic’sPiano Concerto in F minor affords the soloists great scope to display their virtuosity. Pavel Borkovec, a pupil of J. B. Foerster and Josef Suk, wrote his Piano Concerto No. 2 after World War II. At the time a mature artist, as a teacher he cultivated a new generation of major Czech composers (Petr Eben, Jan Novák, Vladimír Sommer, etc.). The main protagonist of the present album, the pianist Marek Kozák, who has garnered accolades at a number of competitions (Zurich, Bolzano, Bremen, Prague, and elsewhere), has a penchant for exploring little-known and forgotten landscapes, as attested to by this revelatory recording.
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