Anton Reicha (1770-1836)
Grand Quatuor concertant pour piano, flûte, basson et violoncelle en mi bémol majeur, op. 104
Trio pour flûte, violon et violoncelle en sol majeur
Grand Trio concertant en la majeur, op. 101
Quintette n° 2 pour flûte, clarinette, cor français, basson et alto en mi bémol majeur

Albert-Schweitzer-Ensemble

Angela Firkins, flûte
Martin Spangenberg, clarinette
Tillmann Höfs, cor
Eckart Hübner, basson
Florian Donderer, violon, alto
Tanja Tetzlaff, violoncelle
Kiveli Dörken, piano

Anton Reicha (1770-1836), exact contemporain de Beethoven, flûtiste et violoniste à Bonn aux côtés de ce dernier développa très jeune des dons pour les mathématiques, la philosophie et la composition musicale, avant de s’établir à Paris en 1808 où il gagna vite une grande renommée didactique, professeur de fugue et contrepoint au Conservatoire en 1818. En 1824, dans "Les Employés", qui sera nonobstant publié deux ans après la mort de Reicha, un personnage tente de convaincre un de ses amis de se rendre à une soirée au cours de laquelle sera créé un nouveau Quintette à vent de Reicha. Les deux CDs du présent enregistrement sont à même de rendre compte de cette juste célébrité qui s’est malheureusement trop vite fanée pour nous aujourd’hui, car Reicha, maître de Berlioz et de Liszt, était par ses expérimentations un véritable musicien de l’avenir. Ainsi, chacun des deux disques met en contraste une œuvre à la virtuosité faite pour le public et le concert, et une œuvre destinée plutôt à l’intimité du salon. En l’occurrence, d’une part le Grand Quatuor concertant en Mi bémol majeur op. 104 pour piano, flûte, basson et violoncelle et le Quintette également en Mi bémol majeur op. 88 pour flûte, clarinette, cor, basson et alto, et, d’autre part, le Trio pour flûte, violon et violoncelle en Sol majeur op. 26 ainsi que le Grand Trio concertant pour violon, violoncelle et piano op. 101. Sans qu’il soit hélas possible de développer l’argumentation, chacune de ces œuvres réservera à l’auditeur des découvertes mélodiques, des surprises harmoniques et contrapuntiques dont seul Reicha à l’époque avait le secret et la science. Les membres de l’Albert-Schweitzer-Ensemble, à géométrie variable, parmi lesquels Kiveli Dörken au piano et Tanja Tetzlaff au violoncelle, servent à merveille ces purs joyaux de composition. Plus que hautement recommandé. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)

A full ten months older than Ludwig van Beethoven and a friend since their years together in Bonn, the Bohemian Antonín Reicha is to a certain extent a complementary addition to the revolutionary achievements of the "Titan". You can hear at every turn that he also had a pronounced tendency towards experimentation. This is seen mostly in his extremely "relaxed" treatment of established norms – a minuet where any dancer would immediately and hopelessly falter; variations with extremely contrasting means of expression; harmonic and melodic impudence; an often very subtle way of shifting phrases; and astonishing scoring – these are the characteristics of a man that shook the foundations of Paris and beyond.