 Leopold van Gilse van der Pals, né en 1884 à Saint-Petersbourg, d’un père néerlandais et d’une mère danoise, décédé en 1966 à Dornach, en Suisse, a connu une existence tourmentée du fait même de ses origines et de l’histoire qui lui fit affronter la première guerre mondiale, la révolution bolchévique, la crise de 1929, la seconde guerre mondiale, etc., tandis que son épouse, Maria von Behse, Maroussia († 1934), ne cessait de lutter contre la dégradation de sa santé. C'est à l'âge de 12 ans, en improvisant au piano, que Van der Pals commença à composer auprès de son grand-père, Julius Johanssen, directeur du conservatoire de Saint-Pétersbourg. À l'âge de 19 ans, Van der Pals quitta la Russie pour poursuivre ses études à Lausanne, avec Alexander Denéréaz (1875-1947) et le violoncelliste Tom Canivez. Il s’installa à Berlin en 1907 et, sur recommandation de Rachmaninov, reçut les conseils et les leçons de Reinhold Gliére (1874-1956). Le séjour à Berlin fut très productif pour Van der Pals qui put lier des relations avec Nikisch, Weingartner, Hausegger, Eibenschütz, Havemann, Koussevitsky et même Scriabine. Musicalement il put y expérimenter de nouvelles idées harmoniques et s'est inspiré de l'idée d'une évolution métamorphique de la musique. Il créa alors son propre langage harmonique et rythmique : une forme hybride de différents styles : romantisme, impressionnisme, tonalité libre et inspiration du folklore russe et nordique, dont témoignent les trois quatuors enregistrés ici. Le premier, en trois mouvements de tonalités mineures, sombre et inquiet, date des années 1916-17 mais ne fut créé qu’en 1923 par le Roth Quartet. Le second, composé en 1925, porte la marque du décès de l’anthroposophe et pédagogue Rudolf Steiner (1861-1925) avec qui Leopold et Maroussia étaient très liés. En quatre mouvements, il est essentiellement porté par la tonalité d’ut mineur, caractéristique unissant les thèmes dont le compositeur développe les liens structurels. Van der Pals considérait cette œuvre comme la plus intime et personnelle de ses compositions. Bien avant les "Metamorphosen" de Richard Strauss (1945), l’idée même de métamorphoses s’inscrivait dans l’esprit de Van der Pals dès 1920 et fut à l’origine de l’inspiration de son opus 79, un quatuor en trois mouvements, composé en quatre jours de décembre 1929. Il le qualifiait lui-même de symphonie en miniature. In Memoriam Marie Steiner op. 176 complète avec gravité et profondeur cet enregistrement à découvrir, parfaitement servi par le quatuor suédois éponyme, dans lequel le violoncelliste Tobias van der Pals chante en quelque sorte dans son arbre généalogique. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) After the publication of a symphony and a piano concerto, we now start with Vol. 1 of the string quartets by Leopold van der Pals, who was born in St. Petersburg as the son of a Dutchman and a Dane and thus became a cosmopolite who counted many of Europe's most important artistic personalities among his acquaintances. The quartets are also and sensibly interpreted by the Van Der Pals Quartet, in which Tobias van der Pals, the composer's grandson, participates as cellist. Like much of what Leopold van der Pals created, his quartets are also very emotional due to personal events. Through his preoccupation with Rudolf Steiner's anthroposophy, van der Pals comes upon the Goethean idea of metamorphosis, which he increasingly tries to incorporate into his music as a structural basis, as in his 3rd string quartet entitled "Metamorphoses". Although van der Pals had long experimented with artistic and musical metamorphoses, it is only in this work that he attempts to refine the idea both formally and in terms of musical development. In the course of the four short movements, the work's main motif undergoes a constant development that is perceived overall as a coherent musical progression. The motif is taken through in numerous styles and appearances, giving the music a form all its own without any repetition or recapitulation - like a little symphony.
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