Grigory Frid (1915-2012)
Divertimento, op. 45 n° 1
Andantino
The Calendar of Nature, op. 17 n° 2
Sonatine, op. 32
Sonate pour violon n° 1, op. 27
Sonate pour violon n° 2, op. 51
Sonate pour violon n° 3, op. 57

Isabelle van Keulen, violon
Oliver Triendl, piano

Le Journal d’Anne Frank est la partition la plus connue du compositeur, peintre et écrivain russe Grigory Frid. Pour autant, son catalogue comprend des dizaines de pièces recouvrant tous les genres musicaux, de la symphonie aux musiques de film. Décrit parfois comme un musicien soucieux de témoigner, en musique, du “réalisme socialiste”, Frid fut en réalité un artiste des plus indépendants, s’intéressant jusque dans les années cinquante au dodécaphonisme, par exemple, et multipliant les conférences sur les esthétiques de son temps. Son écriture est avant tout narrative, puisant son inspiration dans la mélodie russe, parfois teintée de formules proches de l’esthétique de Chostakovitch. Cela étant, les cinq pièces réunies dans cet album (Divertimento, Andantino, Sonatine, le Calendrier de la Nature ainsi que les trois Sonates pour violon et piano) ne possèdent nullement la rudesse et le caractère ironique de l’auteur de la Symphonie “Léningrad”. Chez Frid, les effluves du romantisme et parfois les structures néoclassiques (Divertimento) s’imposent avec force. Disciple de Chébaline et de Litinsky, il possédait une science aigue de l’effet et par une étonnante économie de moyens, il caractérisait ses pièces comme dans le cycle des dix miniatures du Calendrier de la Nature et qui évoquent le souvenir de Prokofiev ou d’un Tansman. Les trois sonates pour violon et piano composent le cœur du programme. On croirait parfois entendre du Fauré ou bien du Poulenc comme au début de la Sonate n°2, alors que l’âme russe éclaire le reste de la partition. En un seul mouvement, la Sonate n°3 joue d’une atonalité épurée rappelant les pièces tardives de Chostakovitch et se situant fort loin du “réalisme socialiste” prôné en 1968. Les deux interprètes jouent avec autant de précision que de pudeur, ces pages qui ne peuvent être surchargées tant elles révèlent de douloureuses pensées. (Jean Dandrésy)

Oliver Triendl: My first encounter with the instrumental music of Grigory Samuilovich Frid (1915-2012) occurred around fifteen years ago. It was at this time that Hans-Ulrich Duffek, the former director of the Sikorski music publishing company, showed me the scores of some chamber-music and orchestral works by this almost entirely unknown composer. My enthusiasm for Frid’s music came to the attention of Stefan Lang – the editor at the culture-oriented German radio station Deutschlandfunk Kultur to whom the musical world owes many important discoveries – so that the two of us were able to set up plans also for the recording of certain of the works of this long-neglected composer. Frid’s works for violin and piano allow us to trace the composer’s stylistic development over a period of some twenty-five years. Thus, whereas his earlier work is to be situated in the tradition of Shostakovich, his later compositions are stylistically much closer to the work of Edison Denisov, Sofia Gubaidulina and Alfred Schnittke. “Dark”, “autumnal”, “ruminative”, “sarcastic” – it is such notions as these that first occur to me as I listen to Frid’s music. Isabelle van Keulen: In summer 2019, Oliver had managed to get together quite a few scores of Frid’s music for violin and piano and we organised a “read-through” session, in which we both were reduced to tears several times by the sheer strength and diversity of this incredible music…. Both the violin sonatas and pieces but also the viola pieces – that will be released in an upcoming disc - bear witness to a deeply sensitive, profoundly sad composer; music with sometimes unbearably long lines and huge tension, only to then lighten up again.