Rubinstein Gretchaninov Concertos et suite pour violoncelle Thomas-Mifune Symeonides Ahronovich

Ce programme exceptionnellement généreux (un CD de près de 80’) donne un coup de projecteur sur des œuvres rares pour violoncelle et orchestre de l’école russe. Bien que grand pianiste, Anton Rubinstein fut un compositeur actif dans les genres les plus variés et sut aussi s’intéresser au violoncelle pour offrir à l’instrument ces deux concertos ; contemporain du 4° concerto pour piano demeuré le plus connu de l’auteur, le premier (1864) montre l’influence de l’école germanique, particulièrement Schumann, sur Rubinstein tandis que le second (1874) intègre des éléments typiques du folklore russe notamment dans le finale aux allures de danse populaire. A la génération suivante appartient Gretchaninov, élève des conservatoires de Moscou et Saint-Petersbourg fondés par Nikolai et Anton Rubinstein avant de suivre l’enseignement de Rimski-Korsakov. Encore connu de nos jours pour ses œuvres sacrées et ses morceaux faciles pour le piano mais aussi le violoncelle, il écrit cette suite dans les années 1920, sans doute après avoir fui le régime soviétique et s’être réfugié à Paris qu’il quittera pour les USA en 1939. Quatre courtes pièces au caractère pittoresque forment cette page délicieuse qui complète le CD en contrastant avec les deux plus sévères concertos de Rubinstein. Ces enregistrements des années 1980 rendent hommage au violoncelliste allemand Thomas-Mifune mais aussi au regretté Youri Ahronovitch à la tête du toujours impeccable orchestre de Bamberg. Un programme original à découvrir. (Richard Wander)

Si les admirateurs du Trio pour piano de Tchaikovski connaissent le nom de Nikolaï Rubinstein qui en fut le dédicataire, celui de son frère Anton Rubinstein (1829-1894) est davantage resté dans l’ombre, malgré une production assez prolifique. Anton fut pianiste, chef d’orchestre, fondateur du conservatoire de Saint-Petersbourg, ainsi que le maître du jeune Tchaikovski. Pour l’anecdote, il voulut un jour diriger l’orchestre de Paris et demanda à Saint-Saëns de lui en donner l’occasion ; or l’orchestre n’était pas libre avant trois semaine. « C’est bien, j’écrirai un concerto pour la circonstance, » conclut Saint-Saëns, qui écrivit son second concerto — Rubinstein à la baguette, lui-même au clavier. Si principalement son 4e concerto pour piano est resté dans les mémoires, les deux concertos pour violoncelle sont dignes d’être exhumés. Manquant sans doute l’originalité des compositeurs russes de son temps, ils ont cependant la perfection formelle des oeuvres classiques des compositeurs européens idolâtrés de Rubinstein (Mendelssohn notamment), et des mélodies de caractère Russe, parfois issues du répertoire populaire, rendent irrésistibles certains passages (le finale du second concerto notamment). Alexander Gretchaninov (1864-1956), élève de Rimski-Korsakov, connu pour ses pièces pour enfants et débutants, composa sa Suite pour violoncelle durant les années qu’il vécut à Paris après avoir quitté la Russie soviétique. Elle se présente en quatre mouvements courts, présentant chacun un ou plusieurs thèmes mélodiques typiquement russes. Une oeuvre attachante, qui complète admirablement ce très joli disque. (Walter Appel)