 Né en Bohème en 1704 et mort à Vienne en 1774, Frantisek Ignac Antonin Tuma compose son Requiem à la mort de sa mécène : la veuve de Charles VI, Elizabeth Christine. A l’effectif ordinaire de la chapelle (cornets à bouquin, bassons, trombones et les cordes) s’ajoutent deux trompettes clarini censées exalter la personnalité exceptionnelle de la défunte. On retrouve d’ailleurs cet usage dans le Requiem de 1733 de Zelenka. Conçu comme une Messe-Cantate, l’œuvre comprend vingt séquences assez brèves où s’exprime la virtuosité mélodique et contrapuntique du compositeur. Les passages chorals l’emportent sur les quelques interventions solistes. Maîtrisant sans difficulté les nombreuses ruptures de ton et les contrastes rythmiques incessants de la partition, le chef du Czech Ensemble Baroque (Orchestre et choeur) Roman Valek, complété de ses six chanteurs solistes, magnifie le lyrisme de l’œuvre, la projetant vers l’olympe comme une flèche enflammée. Le Miserere en Do mineur qui complète le programme est tiré du fameux psaume de pénitence n°50. Il pourrait être une commande personnelle de l’impératrice Marie Thérèse qui aurait suggéré au compositeur des passages de son propre livre de prières. On notera la flûte obbligato dans le merveilleux air de ténor Auditui Meo qui évoque les airs accompagnés de Bach dans ses cantates. In fine, deux œuvres représentatives du baroque tardif qui montrent avec une belle acuité « la manière convaincante de porter le mot en musique et d’empreindre celle-ci d’une teneur spirituelle » (Vlastimil Tichy). (Jérôme Angouillant)  Le Requiem fut composé à l’occasion du transfert de la dépouille de Charles VI dans la crypte des Capuçins, seul ornement de la cérémonie, le tombeau sculpté n’étant pas achevé. Tuma le compose dans un style archaïque typique de la musique de cour autrichienne avant l’avènement de Mozart, mais ce qui fait la puissance poétique de cette œuvre méditative réside probablement dans ses harmonies étranges où passe le souvenir des grandes pages de Zelenka. Je serais curieux d’entendre l’autre Requiem, écrit pour un chœur à quatre parties avec la seule basse continue... Certainement à l’opposé de ce requiem qui utilise la forme d’une messe-cantate. Pourtant, la plus belle page de ce disque utile reste la révélation du Miserere en ut, une des sept mise en musique du psaume de pénitence, écoutez seulement l’Auditui meo dabis où le ténor et la flûte apportent soudain une touche française… Décidément l’important catalogue du maitre de chapelle d’Elisabeth Christine réserve bien des surprises….. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  František Ignác Antonín Tuma was one of the Czech composers to have considerably influenced 18th-century European music. Along with J. D. Zelenka and G T. Muffat, he has been named among the finest pupils of Johann Joseph Fux, and, just like Zelenka, he rubbed shoulders with the political and social elite of his time. He was highly esteemed in Vienna, with his sacred music even serving as a model for younger composers, including Joseph Haydn and W. A. Mozart. A dexterous theorbist and gambist, at the age of 19 Tuma most likely participated in the celebrations marking the coronation in Prague of Emperor Charles VI in 1723. Nineteen years later, in 1742, Tuma’s Requiem in c accompanied the soul mass for the self-same monarch on the occasion of the transfer of his remains to the sarcophagus in the Capuchin Crypt in Vienna. At the time, Tuma worked as Kapellmeister of the music ensemble set up by Charles’s widow, Empress Elisabeth Christine. The Requiem in D minor, whose instrumentation was commensurate to the significance of the event (the orchestra was enhanced by a cornett, two trombones, a bassoon and two natural trumpets), was again heard at the funeral of Elisabeth Christine herself, in 1750. Tuma enjoyed great respect on the part of Empress Maria Theresa, who probably personally commissioned from him the Miserere in c. It comes as no surprise that following four acclaimed recordings of F. X. Richter’s works Czech Ensemble Baroque have focused on Tuma. His music definitely deserves our attention.

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