Intitulé "Animé", cet enregistrement compendieusement (40’25’’) constitué de quatre œuvres pour clarinette et piano, composées entre 1902 (Reger), 1913 (Berg), 1939 (Hindemith) et 1947 (Poser), propose des interprétations alertes de musiques, parfois expérimentales, de l’Allemagne de la première moitié du XXe siècle. À côté de trois Sonates pour clarinette et piano (1900 et 1908) et de son Quintette op. 146 (1916), le prolifique et parfois rugueux Reger a laissé deux miniatures lyriques et enjouées : Albumblatt and Tarantella (1902), qui donnent à percevoir les derniers reflets du romantisme auquel la clarinette est souvent associée (Hummel, Weber, Spohr). Dans un autre registre expressif les Quatre pièces op. 5 d’Alban Berg sont dédiées en 1913 à Schoenberg mais ne seront interprétées pour la première fois qu’en 1919, en pleine période de la bourrasque dodécaphonique dont Vienne fut le centre d’origine, quoiqu’elles puissent paraître comme un délicat hommage aux deux Sonates op. 120 (1894) de Brahms ! Avec Hindemith, alors enseignant la composition en Suisse, peu avant son exil forcé aux USA (1940), et sa Sonate en Si, c’est le public des amateurs (doués, au demeurant !) qui est visé dans le cadre de ses « musiques utilitaires » (Gebrauchsmusik), que caractérise le motorisme anti-sentimental de ses rythmes. Hans Poser (1917-1950) fut, pour sa part, tout oublié qu’il est aujourd’hui, un grand admirateur et un disciple indirect de Hindemith, un pédagogue recherché. Initialement embrigadé dans la Hitlerjugend puis enrôlé dans la Luftwaffe, sans qu’on puisse détecter chez lui une affiliation véritable et sincère au national-socialisme hitlérien, il fut fait prisonnier à Londres dès 1940 et envoyé en captivité au Canada jusqu’en 1946. C’est là qu’il fit le choix d’être compositeur, étudiant les partitions de Haendel et de Stamitz, et rédigeant un modeste ensemble d’une cinquantaine d’œuvres de formes variées parmi lesquelles la Sonate pour Clarinette se signale autant par la concision de sa forme que par la clarté de sa texture polyphonique, en total accord avec l’esprit et les principes compositionnels de Hindemith. Pour défendre ces musiques, la clarinette charnelle de Silvia Puggioni s’allie parfaitement au piano plus intellectuel de Claudio Sanna et leur restitue la complexité harmonique qui prime le plus souvent — hormis Reger — sur leur charme lyrique. Une belle découverte. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) The Lebhaft recording project was conceived and produced by clarinettist Silvia Puggioni and pianist Claudio Sanna. It all started in 2014 when, by pure chance, the two performers came across Hans Poser’s Sonate für Klarinette und Klavier. Since then, albeit on and off, Puggioni and Sanna have dedicated themselves to researching this composer and studying his music. The peak of their interest was reached in 2017 with the pubblication of the first biography in Italian of the composer, whom they discovered to be totally unknown in Italy. This prompted the decision to record the Sonate für Klarinette und Klavier, trying to place it geographically and historically in its original context. Alban Berg, Paul Hindemith and Max Reger are the other composers chosen as companions on this journey through the musical Germany of the 20th century.
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