Gaetano Donizetti (1797-1848)
Lucia di Lammermoor, opéra en 2 parties et 3 actes

Edita Gruberová, soprano (Lucia)
Peter Dvorský, ténor (Edgardo)
Matteo Manuguerra, baryton (Enrico)
Siegfried Vogel, basse (Raimondo)
Thomas Moser, ténor (Arturo)
Christopher Doig, ténor (Normanno)
Czeslawa Slania (Alisa)
Wiener Staatsopernchor
Orchester der Wiener Staatsoper
Giuseppe Patanè, direction

Difficile de rester objectif face à un tel disque, de se livrer à une analyse alors qu’Edita Gruberova, chanteuse aimée entre toutes, quasi divinisée à Vienne et à Munich, vient de rejoindre le concert céleste. Ce 23 mars 1978, la soprano slovaque chante sa première Lucia à la Staatsoper. Elle y sera immédiatement adoubée. Tout de ce qui fera sa gloire, et trouvera encore à s’épanouir au cours de sa prodigieuse décennie 80 est déjà là : la splendeur du timbre, cette technique infaillible qui nous vaut un registre aigu d’une liberté et d’une virtuosité incroyables (son inoubliable trille), et aussi la profonde intelligence des rôles. Autour d’elle, Peter Dvorsky débutant lui aussi, phrase son Edgardo avec la plus parfaite classe belcantiste, et quelle beauté enivrante dans cette voix ! Le baryton puissant de Matteo Manuguerra incarne idéalement l’ordre social qui broie ceux qui refusent de s’y conformer. Le jeune Thomas Moser encore ténor lyrique en Arturo est un luxe. Le wagnerien Siegfried Vogel en Raimondo est parfaitement idiomatique. Giuseppe Patané fait sonner italien un orchestre viennois encore peu familier de l’œuvre à cette époque. Mais même au niveau d’excellence où ils se trouvaient, ces messieurs n’y purent rien : ce soir-là, notre Gruberova évoluait sur d’autres cîmes. Un enregistrement historique, à écouter, à réécouter, et à chérir. (Olivier Gutierrez)