Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 1 en ré majeur

Düsseldorfer Symphoniker
Adam Fischer, direction

Tant et tant auront abordé la "Titan" en y imaginant un personnage auquel Mahler n’a jamais songé, forçant le trait, grossissant les effets d’un orchestre virtuose d’abord par son art d’évoquer. Pas Adam Fischer qui se garde bien d’ailleurs de faire paraitre le sous-titre apocryphe sur la pochette de ce qui constitue la troisième étape de son intégrale Mahler à Düsseldorf dont la publication semble s’accélérer : je vous rendais compte voici peu de sa lumineuse Quatrième Symphonie ici. Cette fois encore (et il en sera vraisemblablement ainsi tout au long du cycle), captation en concert (février 2017), qui rend compte de la belle acoustique naturelle de la Tonhalle de Düsseldorf où toute la poésie de l’orchestre du jeune Mahler peut se déployer. Le Naturlaut du Langsam initial est mystérieux dans ses opacités de forêt profonde, les épisodes entre ironie et désolation du Bruder Martin se teintent de couleurs automnales, le Scherzo fait plus penser à la chasse qu’à la danse et le final lui-même, vif et ardent, sans les effets de manche si courant, n’empile par ses crescendo les un sur les autres mais ouvre sans cesse sur de plus vastes panoramiques, avec à la coda une sensation d’ivresse solaire emportée par le feu des timbales : le souvenir de Bruno Walter n’est pas loin. L’orchestre se surpasse, emporté par un chef qui connait, à l’égal de son frère Ivan, son Mahler sur le bout des doigts. J’attends toujours la suite avec gourmandise (Discophilia - Artalinna.com). (Jean-Charles Hoffelé)