Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Ecossaises, WoO 83 (versions acoustique et électrique)

Felix Mendelssohn Bartholdy (1809-1847)
Prélude, op. 35/1 (versions acoustique et électrique)
Scherzo, op. 16/2 (versions acoustique et électrique)
Romance sans paroles, op. 19b/3

Frédéric Chopin (1810-1849)
Valse en mi mineur, op. posth.
Polonaise, op. 53
Nocturne, op. 72/1
Mazurka, op. 33/2
Etude, op. 10/4
Fantaisie, op. 49

Mana-Zucca (1885-1981)
Prélude, op. 73

Jean-Philippe Rameau (1683-1764)
Tambourin (arr. L. Godowsky)

Shura Cherkassky (1900-1995)
Prélude Pathétique (versions acoustique et électrique)

Sergei Rachmaninov (1873-1943)
Sonate pour violoncelle et piano en sol mineur, op. 19
Polka de W.R.

Mikhail Ivanovitch Glinka (1804-1857)
Tarantelle

Vladimir I. Rebikov (1866-1920)
Valse, op. 2/1

Piotr Ilyitch Tchaikovski (1840-1893)
Octobre, op. 37b/10
Concerto pour piano n° 2, op. 44

Anatoli Konstantinovitch Liadov (1855-1914)
A Musical Snuffbox, op. 32

Alexandre Scriabine (1872-1915)
Prélude pour la main gauche, op. 9/1

Nikolai Medtner (1880-1951)
Shazka, op. 34/2

Serge Prokofiev (1891-1953)
Suggestion diabolique, op. 4/4

Aram Khachaturian (1903-1978)
Toccata

Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Prélude, op. 34/10
Prélude, op. 34/5

Franz Liszt (1811-1886)
Rhapsodies Hongroises, S 244
Gnomenreigen, S 145/2
Consolation n° 3, S 172/3

Francis Poulenc (1899-1963)
Toccata

Morton Gould (1913-1996)
Prélude et Toccata
Boogie Woogie Etude

Camille Saint-Saëns (1821-1885)
Prélude et Fugue, op. 52/3

Cécile Chaminade (1857-1944)
Autrefois, op. 87/4

Shura Cherkassky, piano
Marcel Hubert, violoncelle
Santa Monica Symphony Orchestra
Jacques Rachmilovich, direction

On l’oublie trop, Shura Cherkassky, qui connut pour les discophiles une seconde carrière à l’orée de ses quatre-vingts ans lorsque Nimbus l’enregistra, révélant l’ardeur inaltérée de son jeu, fut un enfant prodige doublé d’un fabuleux musicien qui sut bluffer Sergei Rachmaninov et Josef Hoffman, excusez du peu. Ses premiers 78 tous gravés dans sa vingt-troisième année montrent encore le virtuose flegmatique, façon Moiseiwitsch, dans un festival de petites pièces où le musicien est déjà si surprenant au long des faces gravées à Camden à la frontière de l’acoustique et de l’électrique : cette Valse de Chopin, mazette. Il le sera plus encore dans les rares Vox des années quarante, anthologie de perles russes simplement inouïes pour le charme bercé de nostalgie (Octobre !) où le brio avec patine (la Boite à musique de Liadov), pour le phrasé modelé (le Prélude main gauche de Scriabine), avant que n’éclate quatre Rapsodies hongroises tour à tour ténébreuses ou éblouissantes, la plus belle restant la Onzième, avec ses paysages oniriques et son cymbalum. L’éditeur ajoute les faces gravées à Stockholm pour Cupol, fin des années quarante avec déjà les irrésistibles Morton Gould, son rare premier enregistrement du Deuxième Concerto de Tchaikovski (« son » concerto) avec Santa Monica et Rachmilovich, incunable d’étiquette Concert Hall. Puis la première session HMV à Londres, quelques Chopin surveillés (sauf la Mazurka qui chante autant qu’elle danse), surtout, la Troisième des Six Etudes de Saint-Saëns rappelle l’étendue de son répertoire qui allait jusqu’à embrasser la Sonate de Rachmaninov. La Première, la Deuxième ? Non, celle pour violoncelle ou il inventait un orchestre pour l’archet de Marcel Hubert dans les studios de Columbia New York durant l’hiver 1934-1935... (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

Naturalisé américain, le pianiste russe étudia auprès de Josef Hofmann à Philadelphie. Sa carrière débuta à la fin des années vingt avec des séries de tournées aux Etats-Unis et en Europe. On a souvent réduit le répertoire de Cherkassky à celui de la musique romantique essentiellement germanique. Son répertoire était, en réalité, d’une diversité prodigieuse comme en témoignent ces bandes, allant des œuvres du 20e siècle jusqu’à des pièces de divertissement (Cherkassky caressa le projet de travailler à Hollywood). Il multiplia une quantité impressionnante d’enregistrements aussi bien pour la Victor, US Columbia, US Vox, Swedish Cupol Recordings, Concert Hall Recordings et, bien sûr, HMVet grava des œuvres alors peu jouées comme ces pièces de Medtner ou Chaminade. Présenté par Biddulph, ce parcours de plus de trois heures de musique nous permet d’entendre à nouveau sa version passionnante des quatre Rhapsodies hongroises de Liszt, l’incontournable Concerto pour piano n° 2 de Tchaikovski dont il se fit l’un des grands promoteurs ainsi que toutes les pièces de genre de l’époque comme l’impayable Tambourin de Rameau revu par Godowsky, la Tarentelle de Glinka… La précision de la technique de Cherkassky est remarquable, d’une absolue régularité, refusant toute digression malgré des moyens très impressionnants, le tout devant rester dans le cadre établi. « Un aristocrate ne se hâte jamais » lui confia son illustre professeur Josef Hofmann. A juste titre. Une belle et très instructive somme musicale. (Jean Dandrésy)