 Les Alma, rompus au répertoire de la Mitteleuropa – leur premier disque était consacré aux opus d’Erwin Schulhoff – bouclent ici leur intégrale des Quatuors de Korngold dont le premier volume m’avait échappé. Aussi magnifique que soit leur interprétation du Premier Quatuor, Korngold y hésite entre les consonnances lyriques de son vocabulaire et une fantaisie un peu acide où quelques piques semblent prises à la Seconde Ecole de Vienne – le Quatuor Rosé, si versé dans la défense de Schoenberg et de ses disciples sera son créateur – c’est le grand Quintette avec piano, symphonie carinthienne emplie de thèmes rayonnants, bercée d’accents savoureux, qui enchante d’abord. Severin von Eckardstein n’y est pas pour peu, espiègle dans l’Allegro, tour à tour impérieux dans le Finale qui comporte des pages d’une haute fantaisie, mais écoutez seulement l’immense nocturne aux profondeur mahlériennes de l’Adagio, ce clavier d’ombre qui chante dans l’éther des cordes, quelle émotion. Si bien que je rêve qu’ils n’en restent pas là : la Suite op. 23 (écrite pour Wittgenstein) les espère et le Trio aussi, si rarement enregistré. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Un premier enregistrement des deuxièmes et troisièmes quatuors de Korngold par les Alma n’avait pas été édité sous forme physique de CD mais son succès a conduit le quatuor hollandais à se pencher sur le premier en y joignant, quelle chance ! l’admirable quintette avec piano, chef d’œuvre du lyrisme éperdu d’un jeune musicien alors au faîte de sa gloire après la création triomphale de la ville morte. Les deux œuvres datent en effet du début des années 1920, période créatrice la plus féconde et la plus inspirée du Wunderkind viennois. Après l’exil forcé et la griserie du succès Hollywoodien, son retour à Vienne après-guerre aura un goût d’amertume et de désenchantement que le musicien surdoué ignore encore en cette période féconde de sa vie. Pour le génial quintette où passe le souvenir des sublimes Abschiedslieder, les Alma bénéficient de la présence du pianiste allemand Severin von Eckardstein, l’un des plus doués de sa génération, l’un des plus curieux de répertoires rares aussi. Tant pour la qualité d’une musique que l’on redécouvre enfin et que l’on remet à sa juste valeur que pour une interprétation à la fois précise et enthousiaste, voici bien un CD à marquer d’une pierre blanche, en espérant que l’éditeur voudra bien publier aussi les deux autres quatuors sur support physique ; ils le méritent amplement. (Richard Wander)  This second opus represents a return to Korngold’s roots, an attempt to rediscover the innocence and enormous artistic fertility that characterised the young composer. His first quartet and his piano quintet attest to an unbelievable talent and a visionary spirit rooted in the musical ferment of Vienna at the beginning of the twentieth century. Beyond the fatigue one inevitably feels upon finishing a recording, we are suddenly aware of the distance we have travelled. Korngold’s music has transported us these last few years, but it has transformed us, too. This recording is our catharsis, a balm for the difficult years of Covid. Today, we realize just how lucky we are to be able to give concerts, to create encounters with audiences and to touch people through our recordings. ‘Encounters’ could well be the title of this album. It is not only a musical encounter with Korngold, but a temporal one as well, taking us on a journey from Vienna to Hollywood, through the dark decades of history. It is also an encounter of artistry and friendship with Severin, who has guided us from his piano.

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