 Alfred Brendel a 21 ans en 1952. En 1948, à 17 ans, il donne son premier récital à Graz, intitulé « La fugue dans la littérature de piano » avec des œuvres de Bach, Brahms, Liszt et une Sonate de son cru à double fugue. Et en 1949, à 18 ans il remporte le 4e prix du premier concours Busoni, créé sous l’égide de Claudio Arrau, Wilhelm Backhaus, Alfred Cortot, Walther Gieseking, Dinu Lipatti, et Arthur Rubinstein, devant un jury composé entre autres d’Arturo Benedetti Michelangeli, Nikita Magaloff, Jacques Février. Autodidacte pour la plus grande part de sa formation, avant les leçons d’Edwin Fischer, Alfred Brendel a découvert l’importance de Busoni via Eduard Steuermann (1892-1964), qui en avait été l’élève, et qui sera le créateur du Concerto op. 42 de Schoenberg. Tout ceci éclaire indéniablement la formation esthétique et musicale de Brendel, et permet de comprendre pourquoi le label discographique American Society of Participating Artists lui permit de graver — avant Egon Petri (1956) — le premier enregistrement de la Fantasia Contrappunstistica BV 256 de Busoni, composée en 1932. Fondée sur "Allein Gott in der Höh sei Her" de Bach, la Fantasia se développe en trois fugues, un intermezzo marqué misticamente et visionario, puis trois variations de plus en plus complexes et une cadence rythmiquement terrifiante, avant une fugue réunissant les quatre sujets de Bach et disparaissant dans un choral qui fait écho fantomatique au thème initial. Œuvre physiquement et intellectuellement épuisante la Fantasia est magnifiquement servie par un Brendel virtuose juvénile mais déjà sûr de ses choix artistiques. Les douze pièces du "Weinachtsbaum" (1873-1881) proposent une lumineuse suite de chants de Noël, revisités par un Liszt nostalgique de ses années de jeunesse, à laquelle Brendel accorde toute sa tendresse. Restauration sonore parfaite. Un « Must » Brendélien à thésauriser sans hésitation. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) Avant ses années VOX, Alfred Brendel enregistra trois microsillons pour le label SPA. Philips avait réédité en annexe de la belle boite consacrée à l’artiste le "Weihnachtsbaum" de Liszt, mais pas la "Fantasia Contrappuntistica" de Ferrucio Busoni, qui fascina tant le pianiste comme il l’avoue dans un passionnant petit texte. S’il justifie cette exhumation, il refuse pour l’heure la parution en CD de son album Beethoven - deux opus de chambre, la Sonate pour flute et le Trio pour flûte et basson où le rejoignaient Camille Wanausek et Leo Cermak, Brendel n’est plus certain d’avoir enregistré la Sonate…) - mais hélas, également le disque Richard Strauss où voisinaient la Sonate op. 8 et les Klavierstüke op.5. Derrière la vaste introspection de Busoni, Alfred Brendel entend le model, Bach évidemment ; il joue serré, intense, au plus près du texte, éclairant les sombres polyphonies, n’évoquant l’orgue qu’à la section finale, la pédale libérant soudain le grave d’un clavier empli de grondements, moment fascinant avec la folie de la "Stretta". En coda, l’ajout du choral de Bach ouvragé par Busoni le montre peintre comme rarement : ces estompes, ces modelés, ces assourdis sont comme à revers de la ligne sereine qu’y déployait Wilhelm Kempff. Merveilleux "Weihnachtsbaum", précis poétique dont il détaille chaque vignette avec des tendresses qu’on ne lui a pas toujours connues, cela était déjà édité (et un peu mieux par Philips) mais devenu introuvable. Espérons demain le "Long playing Strauss", qui sait ? Alfred Brendel révisera peut-être son jugement. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Alfred Brendel’s least known recordings are the four LPs he made for the US label SPA Records in the early 1950s. Until now, none has been given a full commercial release in the digital era but amongst them is a recording which is surely one of the most important in Brendel’s discography – that of Busoni’s ‘Fantasia Contrappuntistica’. We are delighted to reissue it here with Mr Brendel’s blessing, along with his first solo LP, the complete recording of Liszt’s ‘Weihnachtsbaum’. Both these works were recording premieres at the time and the pianist was not to return to them again in the studio, so this marks an important addition to his available discography. The booklet contains a note by the pianist himself, written specially for this release, with his reflections on Busoni and the Fantasia Contrappunctistica.
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