Sommes-nous encore dans l’univers classique ou bien déjà dans l’univers pré-romantique ? Assurément, le romantisme italien est pressé de naître tant l’esprit du théâtre affleure dans ces pages. Les contrastes dynamiques extrêmes, mais aussi de changements de tempi sont incessants. On ressent comm un désir d’indépendance de ces compositeurs, leur volonté de s’affranchir et de manière presque anarchique, des structures classiques. Les mélodies sont ainsi tournées en tout sens, sans que ces compositeurs aient une vision précise ou bien une conception définie de l’architecture. C’est ce qui les départage d’un Haydn et plus tard d’un Beethoven. Pourtant, que de trouvailles, d’idées fortes, d’audace aussi dans le jeu des timbres ! La Sinfonia d’un Asioli, par exemple, fait songer déjà à Rossini avec un orchestre dense qui hésite jusque dans le finale, entre grandiloquence et danses paysannes stylisées. Ces symphonies milanaises s’opposent donc résolument à la clarté de la musique française, au contrepoint germanique. Ce sont finalement les mélodies qui imposent leur loi. On perçoit ainsi qu’un monde finit, celui né dans l’équilibre de l’Ancien Régime et qu’un autre est sur le point de prendre sa place. La chaleureuse captation des instruments nous place au cœur des pupitres. Nous profitons ainsi des variations les plus infimes, mais aussi de la vivacité de pièces brèves. L’orchestre Atlanta Fugiens est dirigé avec maestria par Vanni Moretto. (Jean Dandrésy) With the making of this CD, we wanted to choose the works most representative of the diff erent stylistic tendencies that animated Lombard symphonism during the years of the French occupation. This would like to be a large fresco that, without any pretension to exhaustiveness, helps the listener to get an idea of the music that was heard in Milan’s theatres, churches,educational institutions, and festivals in the early 19th Century.
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