Le 21 Mars 1740 un concert à la Pietà est donné à Venise par l’ensemble des musiciennes de l’orphelinat, en l’honneur du Prince Friedrich Christian de Pologne (fils d’Auguste le Fort). Vivaldi a composé à cette occasion quatre œuvres exceptionnelles, dont le concerto en ré mineur qui ouvre cet enregistrement. Le compositeur déjà âgé de 62 ans, quittera Venise définivement moins de deux mois plus tard. Ce concerto intimiste (l’orchestre joue d’un bout à l’autre avec sourdines) et mélancolique, maintes fois enregistré et à juste titre célèbre, signe comme un adieu du compositeur sur le déclin à sa ville natale. Les deux solistes, viole d’amour et luth (ici une guitare), se donnent la réplique ou s’unissent en duo dans les deux mouvements extrêmes, tandis que le mouvement central est une longue cantilène chantée par la viole qu’accompagne en arpèges le luth. On ignore qui, de Vivaldi ou de son élève la plus douée Anna Maria, interprétait la partie de viole lors du concert de 1740, le compositeur enseignant cet instrument depuis plus de 30 ans à la Pietà. C’est également la viole d’amour que Vivaldi utilise comme soliste dans le concerto qui clôt l’enregistrement, l’un parmi les sept qu’il lui a consacré dont il appréciait visiblement le timbre à la fois plaintif, argentin (grâce aux cordes sympathiques), et très expressif. C’est aussi ce timbre si particulier qui a séduit le contemporain de Vivaldi Christoph Graupner, avec de très nombreuses œuvres (trios et concertos) consacrées à l’instrument. Friand, comme son ami Telemann, de combinaisons insolites, il a consacré deux concertos au duo viole d’amour et alto accompagnés d’orchestre, interprétés avec beaucoup de maestria par les artistes de haute qualité qui s’expriment ici. La combinaison des deux timbres assez proches et particulièrement savoureuse. Vivaldi ensoleille avec un concerto pour luth (ici une guitare, instrument pour lequel Vivaldi n’a jamais écrié une note), et orchestre sans altos, les œuvres avec viole qui l’encadrent, notamment avec une gigue conclusive endiablée où la soliste fait merveille. (Jean-Michel Babin-Goasdoué) The Vivaldi-Graupner recording project was motivated by a wish to document in a tangible way the ongoing musical connections between Poland and New Zealand that have developed in recent years and in particular, the collaborations between Donald Maurice and Marcin Murawski that originated when they first met at an International Viola Congress in Krönberg in 2003. After a performance they gave together in Warsaw in 2013, under the auspices of the New Zealand Embassy, a plan was hatched to produce a CD featuring them as soloists on viola d’amore and viola respectively, in a set of baroque concertos with a Poznan based orchestra. The two Vivaldi concertos featuring solo guitar were included due to a tour of Poland in June 2016 by Archi d’Amore Zelanda, which includes New Zealand guitarist Jane Curry, further building ties between the two countries. The two Graupner concertos are of particular significance because one has never been commercially recorded and the other has only two known recordings, both on LP records. These two works have remained obscure until now. It is likely that as a result of this project, their musical value and significance will be widely recognised and they will enter also into the standard repertoire as concertos for the rare combination of two solo violas, when a viola d’amore player is not available.
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