Le clavier n’était pas l’instrument d’expression favori de Luigi Cherubini, et ce sont plutôt ses opéras et ses oeuvres sacrées qui lui vaudront sa gloire parisienne et l’estime de Haydn et Beethoven. Il faut donc prendre ces 6 sonates pour ce qu’elles sont : des oeuvres de jeunesse, publiées par un Florentin de 20 ans en 1780. Des exercices scolaires aussi, alors qu’il étudiait à Milan le clavecin et le contrepoint auprès de Giuseppe Sarti. Ces sonates sont plus tournées vers le passé que vers l’innovation. Elles ne sont pourtant pas dénuées d’une certaine grâce juvénile, parfois même d’un charme mozartien, par exemple dans la 3ème sonate en Si bémol majeur, ou la 6ème en Mi bémol majeur. Ces 6 sonates sont construites sur un même plan : un premier mouvement rapide en deux grandes parties et un deuxième en forme de rondo. Comme chez beaucoup de compositeurs contemporains, il n’y a pas de mouvement lent. Quand le public n’avait alors d’oreilles que pour l’opéra, on craignait que le clavier ne puisse y acquérir l’ampleur symphonique attendue. La cheffe, claveciniste, pianiste, pédagogue et musicologue Chiara Cattani, spécialiste de cette époque de transition entre deux siècles, entre classicisme et romantisme, excelle à mettre en valeur ces pièces toujours élégantes et parfois charmantes. (Marc Galand) Luigi Cherubini is one of the most interesting artistic personalities in a historical period of great changes that straddled two centuries, the eighteenth and the nineteenth. His musical career met the best possible conditions in a city, Florence, that was extremely rich in culture and dotted with important events, ranging from the performance of Handel’s Messiah in Italian and the staging of operas by Hasse, Gluck, Paisiello, Piccinni, Rutini and Traetta, to Mozart’s performance in 1770. The Luigi Cherubini sonatas performed by Chiara Cattani in this recording can be defined as 'galant' without depleting their meaning as compared to the great compositions of the previous period. The eighteenth century is a very prolific century for the cembalistic literature, particularly for the Sonata form, affected by various influences and changes that will bring it to its apogee in the period of the Classicism. The taste of the Italian society goes through a profound mutation: it is now more pleasing with melodic expansion, clarity, transparency and lightness, characteristics that permeate the art of this century at 360 degrees. Simplicity and proportion are the pillars of the structure and together favor the emanation of a sense of vividness and fervor that makes writing energetic and never obvious.
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