C’est une heureuse idée de l’éditeur Gramola que de tirer à part cette symphonie « 0 » qui clôturait en août 2023 le stupéfiant cycle brucknérien que Rémy Ballot a édifié depuis 2013 au rythme patient d’une symphonie par an, chacune jouée dans l’abbaye de Saint Florian, là où Bruckner a étudié, tenu l’orgue et est désormais enterré. Elle n’était jusqu’à présent disponible que dans un gros coffret de onze CD. Certes, ce n’est sans doute pas celle où les choix interprétatifs du chef français, ses tempos très amples, son sens de l’espace sonore hérité de Celibidache sont les mieux adaptés car l’habit que taille Ballot flotte un peu autour d’une partition encore imparfaite. Œuvre de transition, écrite en fait entre les symphonies 1 et 2, elle n’a pas encore la grandiose construction des deux suivantes ; néanmoins, le premier mouvement en particulier n’a jamais paru à ce point préfigurer celui de la « Wagner » dans la même tonalité. Un CD destiné en priorité à ceux qui ont acquis le cycle au fur et mesure de sa parution mais qui pourra aussi satisfaire ceux qui veulent découvrir l’intrigante symphonie « zéro ». (Richard Wander) The 2023 edition of Brucknertage Festival St. Florian was presenting a very rare specialty: Rémy Ballot and the Altomonte Orchestra St. Florian’s premiere performance of the critical new edition of Anton Bruckners Symphony in D minor, WAB 100, “The Nullified“ (formerly known as “Die Nullte“ or “No. 0“) by David Chapman. Contrary to what one might induce it is by no means a symphonic debut by Bruckner, but has been composed in 1869 after his first symphony, designated to be symphony no. 2. Many parts of the composition are radically new and already herald the revolutionary compositional models of the later Bruckner. The so-called “First Theme” alone, as later in the introductions to the IIIrd and IXth Symphonies, does not form a developed theme, but only sound surfaces, prompting the understandable, but disastrous question by conductor Felix Otto Dessoff of the Vienna Philharmonic: “Well, where is the main theme there?” This single criticism was enough for the sensitive 45-year-old to “annul” the work, adding the number “0” to the autograph and disregarding it for the rest of his life... It was not until 1924 that this magnificent D minor symphony, which was certainly unjustly banned from his catalog of works, was finally premiered in Klosterneuburg.
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