 Voici le quatrième volume que cet ensemble consacre aux Livres de Chœur de la « Confraternité de Notre illustre Dame », fondée en 1318 dans la ville de Bois-le-Duc, au nord du Brabant néerlandais. La longue notice en anglais (non traduit) explique comment cette communauté religieuse accueillit progressivement des laïcs, quelques dignitaires (les Swan Brethren), jusqu’à rassembler des milliers de fidèles. Une telle confrérie pouvait dépenser jusqu’à la moitié de son budget pour la confection de manuscrits musicaux, dont quatorze subsistent. Après avoir célébré la Vierge Marie, Saint-Jean-l’Évangéliste puis Sainte-Marie-Madeleine dans les trois précédents disques, les chantres de Stratton Bull évoquent ici un banquet qui aurait pu se tenir au milieu du XVIe siècle, autour de la Fête du Cygne que l’on célébrait le 28 décembre. Emblème de cette Confraternité et de longue date associé au chant, le blanc oiseau symbolise la pureté mariale. Au-delà de ce patronage, les festivités se contextualisaient dans le passage à la nouvelle année. Dévotion et réjouissance justifient le répertoire ambivalent qu’on pouvait entendre à l’occasion, et qui se reflète ici dans une sélection d’une petite heure mêlant sacré et profane. Précédé par un motet de Brumel cultivant la métaphore virginale (un lys parmi les épines), le programme s’introduit et se referme par plusieurs Ave Maria. Alimentant la part liturgique, trois mouvements de messe (Kyrie, Gloria, Agnus Dei) sur « Ick had een boelken uutvercoren » proviennent de Benedictus Appenzeller, dont un arrangement d’une autre mélodie populaire inspira un contrafactum attribué à Jheronimus Vinders –la plage 9 en propose le Sanctus, après une élaboration composée par Tielman Susato. Deux chansons de Loÿset Compère (dont un émoustillant Le grand désir d’aymer) et une polyphonie complétée par un membre de l’équipe abondent un SACD conclu avec le râpeux concours de Vincent Bijlo. Puisque les archives d’époque crédibilisent un accompagnement instrumental, la Cappella Pratensis a aussi invité le Sollazzo Ensemble, amenant son lot de vihuelas, flûtes et luth, en renfort d’une experte interprétation. Spatialisée dans une acoustique large et diaphane, voilà une stimulante investigation de cette cérémonie telle qu’elle put résonner, voilà quelques cinq cents ans, à s-Hertogenbosch ! (Christophe Steyne)  The present program presents the kind of music that might have been heard at the Feast of the Swan, an annual banquet held by the Confraternity of Our Illustrious Lady in ’s-Hertogenbosch, sometime in the middle of the sixteenth century. The combination of “sacred” and “secular” pieces might come as a surprise. However, the border between what we in the twenty-first century might imagine as two different musical realms was actually quite porous in the sixteenth. One of the Confraternity’s regular banquets, held each year on the first Monday after Holy Innocents’ Day (28 December), was the Feast of the Swan. The Swan was the Confraternity’s heraldic beast, a symbol of grace and purity, attributes of the Blessed Virgin. In the medieval imagination, the swan had musical associations. The anonymous bestiary Physiologus states that the Latin name for the swan (cygnus) comes from the verb “to sing” (canere), because it produces such a beautiful song from its long and flexible neck. It was thus fitting that the Feast of the Swan should include a rich musical component. Some of the singers also played instruments at the banquets.

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