Christoph Graupner (1683-1760)
Cantate "Hebet eure Augen auf gen Himmel", GWV 1102/40
Cantate "Jauchzet, ihr Himmel, freue dich, Erde", GWV 1105/43
Cantate "Jesu, mein Herr und Gott allein", GWV 1109/37
Cantate "Kehre wieder, du abtrünnige Israel", GWV 1125/43
Cantate "Ach, bleib' bei uns, Herr Jesu Christ", GWV 1129/46
Cantate "Wir werden Ihn sehen", GWV 1169/49

Sergio Azzolini, basson
Monika Mauch, soprano
Franz Vitzhum, alto
Georg Poplutz, ténor
Dominik Wörner, basse
Kirchheimer BachConsort
Florian Heyerick, direction

Limites techniques, manque d'éclat, faible intensité, inaptitude à la virtuosité : autant de faiblesses imputées durant une partie de l'« ère baroque » au basson voué à jouer les utilités (à assurer avant tout la basse continue). Exceptions notables : Telemann, Vivaldi et ses 39 concertos pour basson, puis Graupner — notamment dans ses cantates — comme en témoigne ce disque. Le répertoire du basson restait encore modeste comparé à ceux de la flûte et du violon, mais la percée était assurée. Parmi les facteurs qui incitèrent Graupner à promouvoir le basson signalons sa curiosité pour les instruments sortant du lot, et avant tout les liens qu'il contracta, alors qu'il officiait à la cour de Darmstadt, avec 2 bassonistes exceptionnels — Klug et Klotsch ! — pour lesquels il composa presque sur mesure. C'est dans les arias de ses cantates que le rôle basson est magnifié : le morceau de bravoure est la très longue aria de 12' (plage 5 du CD1) de la cantate 1102/40 : loin de ne faire qu’accompagner, le basson commente de façon inventive, volubile et prenante par des arpèges ascendants l'imploration à Dieu et traduit les efforts répétés de l'homme pour fléchir la volonté divine. Si l'instrument sait se faire virtuose, il se fait puissant, entêtant et même épique dans l'aria de la plage 10 (1105/43) qui célèbre la naissance du Christ, et engage un dialogue délicat, persuasif et presque tendre avec le violon dans l'aria « Starker Helfer » (plage 5 / CD2-1125/43). Il y a là et ailleurs plus que des ferments de renouvellement esthétique : cette irruption d'un nouvel acteur autonome, avec ses sonorités, le pouvoir de sa suggestion rhétorique, confère au compositeur la stature d'un esprit innovant, en avance sur son temps. L'ensemble instrumental et vocal, avec notamment l'excellent ténor G.Poplutz est exemplaire. Remarquable et surprenant à maints égards. (Bertrand Abraham)

During the eighteenth century the knowledge that the bassoon could very well rise up to the virtuosic spheres was reserved for only rather small circles of hearers. After all, the employment of this instrument depended directly on the particular musician’s capabilities in playing technique. In April 1736 a new bassoon star in the person of Johann Christian Klotsch came from Zerbst to Darmstadt. Christoph Graupner must have been extremely delighted to work with this talented musician; Klotsch had only recently been under contract in Darmstadt when he was given multiple opportunities to demonstrate his bassoonist’s skill in the Sunday cantatas. Since Graupner loved to experiment with innovative tone colors, he increasingly placed the bassoon in the spotlight in his cantatas. This development reached its height in 1741 with bassoon parts of concerto character in sixteen different cantatas. Sergio Azzolini is currently a star of today’s Baroque scene. When he plays his bassoon, the music is brought to life, and on this CD with vocal soloists and the Kirchheim BachConsort he has »revived« (in the truest sense of the term) church cantatas with obbligato bassoon by Graupner. Sergio Azzolini comments: »The Baroque bassoon is fragile. And this fits this music because the music too is fragile. The Baroque bassoon is one part, and the player has to do the rest, that is, our body. For this reason we are also very close to the singer. And I believe that Graupner understood that, and it was precisely this that he celebrated.«