Vasks Quatuors à Cordes N 1 3 Et 4 Quatuor Spikeru - Wer7330 - Contemporary - by Wergo

Chaque quatuor du compositeur letton Peteris Vasks, né en 1946, possède son propre univers. Celui du premier composé en 1977 est foncièrement sombre. Dans l’Intrada, le climat instable renvoie à l’esthétique musicale du Penderecki période Thrène. Vasks illustre ici un environnement social délétère et un monde allant à sa perte. Éléments disparates, aléatoires, fluctuations harmoniques, désagrégation rythmique. Le brusque ostinato de la Sonata du second mouvement montre un renouveau spirituel suivi par un choral. Le dernier mouvement intitulé Mélodia est une cantilène qui conclut de façon apaisée les tiraillements des épisodes précédents. Le troisième quatuor plus tardif (1995) en quatre mouvements décline sous forme de variations le thème de Noël. Le motif principal intitulé « Thème de l’éternité » par Vasks, est en fait un choral de Noël. Vient un Allegro Energico qui exprime à travers un rythme folklorique, la joie festive de l’Avent. Puis retour à une réminiscence du motif initial accompagnée de pizzicati figurant des chants d’oiseaux. Le quatrième quatuor (1999) est dédié à la mère du compositeur. Mémoire d’avant les conflits mondiaux du vingtième siècle. Quatre mouvements là aussi très contrastés. Le calme inquiétant de l’Elegy évoque la musique de Kancheli, une mélodie douce, cotonneuse rompue brutalement par les accords secs et frappés d’une violente toccata. L’ample Méditation finale (arrangée sous forme de concerto pour violon en 2006) est décrite ainsi par le compositeur : « I saw an angel flying over the world; the angel looks at the world’s condition with grieving eyes, but an almost imperceptible, loving touch of the angel’s wings brings confort and healing » Citation qui résume assez bien l’argument de ces quatuors, situé entre un monde en déshérence et sa renaissance espérée via l’expérience humaine de la foi. Le tissu resserré des cordes et la variété de climats exigée par ces œuvres, restent délicats à restituer. Le jeune quatuor Spikeru s’en acquitte grâce à un mélange de fougue et de rigueur instrumentale. (Jérôme Angouillant)