 Il est temps d’ajouter aux grandes sonates romantique pour violon et piano, les trois opus que Niels Wilhelm Gade destina à son instrument. Leur seul tort, être restées dans l’ombre de celles de Grieg avec lesquelles elles partagent l’usage des modes populaires revisités. Gade y ajoute son imaginaire empli de contes nordiques, c’est une naïade qui parait tout au long de la Première, merveille de musique picturale, vraie sonate narrative d’une originalité sidérante. Je ne me suis jamais expliqué qu’elle ne soit pas plus souvent jouée (d’ailleurs l’œuvre de Gade est en fait en passe d’être totalement oubliée….). Thomas Albertus Irnberger la fait paraitre dans le jeu si imaginatif qu’il déploie au long des trois mouvements, dans les décors lacustres évocateurs que lui dresse Edoardo Torbianelli, qui joue un instrument somptueux, un pianoforte sorti de l’atelier viennois de Johann Michael Schweighofer. Dès la Deuxième Sonate, les thèmes se feront plus schumaniens, le ton plus sombre, le violoniste jouant plus dans les harmoniques. Belle idée de placer entre les Deuxième et Troisième Sonates le Nordisches Lied de Schumann, autre poème évoquant les contrées septentrionales. Le ton déclamatoire, les harmonies moirées, les rythmes complexes de la Troisième Sonate, chef d’œuvre de la maturité de Gade, montrent une nouvelle direction qui évoque une certaine proximité avec Brahms. Si vous voulez poursuivre la découverte de l’univers de Gade, écoutez le Concerto pour violon composé en 1880 à l’intention de Joachim qui le créera l’année suivante. L’œuvre est comme un écho au Concerto de Mendelssohn que Thomas Albertus Irnberger a eu la bonne idée de placer en ouverture de cet album. L’accompagnement appasionato de l’Orchestre Symphonique de Jérusalem porte le discours flamboyant qu’il met à ces deux partitions faussement jumelles : les mélodies de Gade, bien plus sombres, évoquent plutôt son autre dieu, Schumann. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  L’excellent label Gramola nous offre deux concertos pour violon, l’un, très enregistré, l’autre quasiment pas. Celui de Mendelssohn, le très célèbre n° 2, écrit pour et avec les conseils de son ami violoniste Ferdinand David, demeure un passage obligé pour tout violoniste international. Chef d’oeuvre romantique plein de fraîcheur, aux pages radieuses, son interprétation dévoile en quelque sorte la maturité du soliste. Thomas Irnberger, jeune autrichien de 30 ans, révélé dans Paganini, s’affirme et démontre une singulière maîtrise avec une belle couleur sonore. Beaucoup de fougue et d’énergie dans son jeu au détriment d’une certaine fluidité, mais au final une interprétation engagée, soutenue par un orchestre sage mais suffisamment présent pour tempérer les ardeurs du jeune soliste. Curieusement, c’est en fervent admirateur que Mendelssohn dirigea, en 1840, la première symphonie de Gade, jeune compositeur danois. Son unique concerto pour violon, écrit vers la fin de sa vie, hommage à ses débuts de violoniste, est un mélange de romantisme et d’influence nordique (Grieg). Cette œuvre, légère et dansante, mériterait davantage d’exposition; merci Gramola ! Irnberger est à son aise avec moins de fougue mais toujours un beau son, bien appuyé par l’orchestre, cette fois puissant et engagé. Un disque très agréable. (Philippe Zanoly)  Violinist Thomas Albertus Irnberger from Salzburg, Austria, recently also being sought after in Israel by the most prominent orchestras, is now launching his latest recording with Jerusalem Symphony Orchestra with conductor Doron Salomon, presenting two violin concertos of romanticism. Two oeuvres, whose familiarity could not be more diverging: The violin concerto in E minor, Op. 64 by Felix Mendelssohn Bartholdy and the violin concerto in D minor, Op. 56 by Niels Wilhelm Gade. Common grounds, however, can be found in the musical design of their works as well as in personal, artistical matters: Gade, besides being his close friend, became Mendelssohns substitute and later successor in the position of chief conductor of the Gewandhaus Orchestra Leipzig.
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