 Fragile psychologiquement, exigeant envers lui-même (il s’empêchait de dormir pour composer, inspiré par les nuits claires de Magadan, à l’extrême est de la Russie – avant de déménager à Moscou), en porte-à-faux avec les exigences artistiques soviétiques et refusé à l’Union des Compositeurs (ce qui compromet sa survie économique), en querelle constante avec sa femme (qui fait bouillir la marmite), Vladislav Zolotaryov (1942-1975) se suicide à 33 ans. C’est pourtant sa Sonate n° 3, reconnue comme une des grandes compositions pour accordéon (il délie l’instrument du folklore et du réalisme socialiste, en développe les potentialités et y applique les techniques modernes de composition, dont le dodécaphonisme de Schoenberg), qui incite Sofia Gubaidulina (elle parle du « geste musical perçant » de son confrère), puis Edison Denisov, à écrire pour accordéon, peu courant dans le répertoire contemporain. Aleksandr Nagayev (1947-), lui aussi éduqué à Magadan puis émigré à Moscou, écrit sa Sonate Op. 13 en hommage à son ami Zolotaryov : sa vie, ses combats, sa mort – et sa musique, qui lui survit. La Sonate d’Albin Repnikov (1932-2007) est probablement l’œuvre la plus aboutie parmi les nombreuses pièces qu’il consacre à l’accordéon – ici aux mains de l’expert polonais Klaudiusz Baran. (Bernard Vincken)  A solo album by Klaudiusz Baran, one of the most recognizable accordionists in the world, is devoted entirely to 20th-century Russian accordion music. Belonging to the canon of the accordion repertoire, the sonatas by Vladislav Zolotaryov, Alexander Nagayev and Albin Repnikov share the traits of tragedy and reflection on life but in the shadow of death. Although these works were created within just ten years of the second half of the 20th century, no accordionist has yet dared to confront them with each other on one album. Until now.
|