 Dans cet univers musical en construction qu’est "Hyperion", dont l’écriture (et la réécriture, avec l’ajout d’autres parties, chantées ou instrumentales, de thèmes – par exemple, la guerre du Vietnam pour sa représentation bruxelloise de 1968) s’étend de 1964 à 1970, nouveau théâtre musical bien plus qu’opéra traditionnel, œuvre ouverte (comme le sera "Satyricon", écrite en 1973) revêtant une forme variable sur scène, Bruno Maderna (1920-1973), pour qui l’imagination reste à l’avant-plan tout au long de sa vie (même dans sa stricte période sérielle), part du roman épistolaire de Friedrich Hölderlin (Hypérion ou l'Ermite de Grèce, 1797-1799 – le seul roman du poète allemand –, lui aussi "work in progress" au sens où il connait plusieurs versions) et bâtit son axe conceptuel (l’aliénation de l’homme contemporain) sur les thèmes de l’incommunicabilité, de l’éloignement du monde, de l’opposition entre l’individu et la société : tension entre l’homme et la réalité extérieure, avec les figures allégoriques du poète (la flûte), de la femme (la voix soprano) et de la société inamicale (la machine). Complétée, réduite, restructurée successivement par Marcello Panni et Carmelo Bene, traduite en italien, cette ambitieuse pièce en sort avec une structure narrative consolidée – à découvrir sur ce double disque. (Bernard Vincken)  Inclassable l’Hyperion de Bruno Maderna. Les fragments et les poèmes d’Hölderlin lui auront inspirés successivement trois spectacles ressortissants plutôt à des expériences constituées de pièces variées écrites pour divers ensembles où la flûte de Severino Gazzeloni tenait un rôle d’importance. A mesure, Maderna changea le visage de son œuvre pour y faire entrer des échos de l’actualité mondiale : la Guerre du Vietnam s’invite dans Hyperion e la violenza, nouvelle mouture proposée à la scène bruxelloise en 1968. Puis l’œuvre gagna en introspection avec les fragments du seul récit du poète (L’Ermite de Grèce), Maderna ajoutant également des poèmes d’Auden, de Garcia Lorca. Elément central d’Hyperion, le récitant, face à la soprano qui incarne Diotima. Lorsque Marcello Panni décida, en 1978, avec le concours de la veuve du compositeur, de mettre au net une version cohérente de ces divers états, il aboutit à une partition typique de l’école de Darmstadt, qui fascina tant les compositeurs italiens de la génération de Maderna, Donatoni, Nono, Bussoti. L’œuvre fut présentée une première fois à Turin, le 9 novembre 1979, puis fut reprise à Rome avec un nouveau récitant, Carmelo Bene, acteur majeur, qui venait de triompher à la Scala dans le Manfred de Robert Schumann. C’est l’écho de cette représentation, tirée des archives de l’acteur, qui est ici publiée, ouvrant la boite de pandore des ouvrages scéniques de Maderna, interprétation fulgurante de cette « work in progress » où la grammaire sensuelle du compositeur étonne par-delà la modernité des moyens. Et si demain enfin, des interprètes aussi avisés nous faisaient découvrir Satyricon. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Bruno Maderna always attached great importance to insight and imagination, even during the period in which he followed the most rigorous serial procedures. Maderna’s preference for concreteness in sound images, his practical approach to composition problems, and his receptiveness to language diversity explain the extraordinary ascendancy he had over the Italian composers who visited Darmstadt in the Fifties and Sixties, including Nono, Berio, Donatoni, and Clementi. But they also explain his gradual withdrawal from the most radical experiments of the avantgarde, and his tendency, during the last decade, to pursue a constant osmosis between different styles and materials (also through frequent overflows between his own compositions), often ending up in theatrical forms. Hyperion has been described as “Lyric in the form of a show”. It was presented in its first version as a mobile cycle of vocal, orchestral and electronic pieces based on fragments of Friedrich Hölderlin’s novel Hyperion, oder der Heremit in Griechenland (“Hyperion, or the Hermit in Greece”), the only novel written by the German poet. This book, an epistolary novel, was published in various versions, so it somehow could be regarded as a “work in progress” too. This recording represents an important document of the live version, reduced and adapted by the great actor Carmelo Bene, flanked by the RAI Symphony Orchestra from Milan directed by Maestro Marcello Panni.

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