Ferdinand Hiller (1811-1885)
Quatuor pour piano n° 3 en la mineur, op. 3
Quintette pour piano en sol majeur, op. 156

Oliver Triendl, piano
Minguet Quartett

Ulrich Isfort, violon
Annette Reisinger, violon
Aroa Sorin, alto
Matthias Diener, violoncelle

Vers 1854, Alkan (1813-1888) écrivait à Ferdinand Hiller (1811-1885) : « Votre fécondité me cause un étonnement sans égal, et cette faculté que vous avez d'écrire au milieu de toutes les vicissitudes possibles suffirait seule à me causer une grande envie ; mais une envie qui ne saurait m'empêcher de jouir du bonheur que vous devez éprouver en produisant : D'ailleurs ce sont de futures jouissances qui me sont promises, que l'audition de tout ou partie de ce que vous me dites avoir fait ces derniers temps... sans compter le courant », ce qui caractérise très bien la généreuse nature du compositeur allemand. Malheureusement, sitôt Hiller disparu ses œuvres tombèrent dans un oubli injuste que le présent enregistrement répare avec éclat, faisant attendre la résurrection d’autres compositions tout aussi fortes que ce Quatuor et ce Quintette avec piano. Œuvres admirables de sa maturité, œuvres de puissantes proportions — respectivement plus de 37 et 39 minutes — ces compositions ne regardent pas vers Liszt et Wagner, la musique nouvelle, mais elles mettent particulièrement en lumière l’art consommé avec lequel Hiller prolonge la veine romantique inaugurée sous ces formes par Mendelssohn et Schumann. Tandis que les cordes lui dressent un écrin contrapuntique et harmonique de haute qualité, le piano quasi concertant y brille des feux d’un lyrisme passionné subtilement maîtrisé. Vous serez vite subjugué par le fantasque Intermezzo Allegretto grazioso du Quatuor op. 133 ; de même le tempestueux Finale Allegro con molto fuoco du Quintette Op. 156 vous emportera et surprendra par la découverte subite de ce que son thème prinicipal n’est autre finalement qu’une variante du thème de base du premier mouvement, simulant ainsi la perfection d’une structure quasi-cyclique. Interprétation au-dessus de tous éloges par le Quatuor Minguet et Oliver Triendl, brillant pianiste rompu à la découverte de chefs d’œuvres à tort négligés. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)

Ferdinand Hiller was a figure of European renown during his lifetime, but unfortunately his work and activity were quickly forgotten after his death. The two works recorded here, the 3rd Piano Quartet (1870) and the Piano Quintet op. 156 (1872) represent the mature Hiller's weightiest contributions to chamber music. But despite their initial success, even these demanding pieces failed to gain a lasting foothold in the concert repertoire. While Hiller's early works were still clearly in the tradition of Hummel, the late ones clearly reflect the new standard that Schumann had set with his works of the 1840s. For his piano quartet, Hiller chose the key of A minor, which was considered passionate in the High Romantic period. For long stretches, this key determines the work's basic dramatic tone, which only brightens into a radiant A major in the finale. The piano part is too demanding to be performed in the context of house music. His Piano Quintet proves to be more of a lyrical counterpart to the Piano Quartet. The real surprise is that the theme of the final movement turns out to be a variant of the main theme of the first movement, bringing the quintet as a whole closer to a cyclical form.