 Weigl appartient à cette génération de grands musiciens juifs viennois contraints à l’exil après l’Anschluss et dont on redécouvre enfin la richesse d’inspiration. Aux côtés de Zemlinsky, Wellesz, Gal, Korngold notamment, il fut l’un des plus importants de son époque. Mais l’exil américain ne lui réussit pas et il mourut oublié en 1949. Ses symphonies réapparaissent peu à peu (CPO nous donnera-t-il enfin l’intégrale qu’on attend ?), quelques quatuors ont été gravés, Raphael Wallfisch a enregistré ses œuvres pour violoncelle déjà pour CPO. Cette fois, c’est un panorama généreux et diversifié qui nous parvient. Le chef d’œuvre en est le cycle de trois lieder avec orchestre qui ouvre le CD ; écrits en 1916, ils témoignent d’une formidable maîtrise de l’orchestration et d’une harmonie complexe et audacieuse ; sur des poèmes de Ricarda Huch, ils forment un triptyque magistral, en particulier le premier, le plus vaste des trois. La Rhapsodie pour cordes qui suit est l’extension tardive (1931) du sextuor composé en 1906 ; l’influence de la "Nuit transfigurée" est, sans surprise, patente dans cette grande partition d’une richesse compositionnelle étonnante. Reste le concerto pour piano créé en 1931 par Ignaz Friedmann et les viennois sous la baguette de George Szell, remarquable autant par son superbe mouvement lent que par ses échos Mahlériens (Weigl fut répétiteur du maître à l’opéra de Vienne). Comme à l’accoutumée l’œuvre bénéficie de l’interprétation engagée d’Oliver Triendl, accompagné avec précision par Simon Gaudenz, mais on salue aussi la prestation de Lina Johnson dans les redoutables lieder. (Richard Wander)  The orchestral songs by the now almost forgotten Viennese composer and late Romantic Karl Weigl date from 1916, while the Rhapsody for String Orchestra goes back to the String Sextet composed in 1906, but was composed together with the Piano Concerto only in 1931 and, like the latter, reveals a progressive and yet completely organic, natural development. There are neither radical changes of direction nor any signs of stagnation in Weigl's work. We can perhaps best see where Weigl was to be placed in the New Music of the twenties from the fact that the Composition Prize of the City of Vienna in 1925 was awarded to four prominent artists: Karl Weigl, Franz Schmidt, Alban Berg and Anton Webern. Weigl never reached the dissonant extremes of expression with his language as Alban Berg did, but the works on this CD show that he often ventured to the limits of his self-imposed scope. The Piano Concerto is the most unusual and original work on this CD and illustrates the transition from the tantalisingly seductive language of Weigl's early Viennese works to a more powerful, definite tone.

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