 L’effondrement des Twin Towers aura inspiré à Penderecki le chef d’œuvre de son ultime période créatrice, concerto testament, vaste univers sonore ou ceux qui vénère "Les Diables de Loudun" peineront à reconnaitre le style novateur qui fut un temps la signature de son auteur. Le Concerto pour piano est un vaste voyage, un concerto-monde aux dimensions philosophiques, comme ceux de Reger ou de Busoni, un univers sonore troublant, dont le piano est le premier acteur. Il y faut un virtuose de première force, jusque-là Barry Douglas au disque, et Kun Woo Paik au concert ont relevé le défi, mais il manquait au premier la direction visionnaire que ne saisissait pas l’excellent Antoni Wit. Florian Uhlig, qui transcende sa virtuosité naturelle pour faire sienne la complexité de cet univers et l’animer dans un pianisme somptueux, a pour lui le geste fabuleux de Lukasz Borowicz qui emporte les cinq sections d’un seul souffle, créant autant de paysages. Il faut entendre l’irruption spectaculaire de l’immense jeu de cloches ! Formidable version qui domine de loin la (mince) discographie, y compris l’enregistrement dirigé par le compositeur. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)  Penderecki manifeste toujours un vif intérêt pour la forme concertante. Le concerto « Résurrection » datant de 2002, révisé en 2007, constitue un ouvrage majeur de la dernière décennie créative du compositeur. Si, dans les années 80, Penderecki adopta une écriture atteignant, parfois, une grande intériorité, c’est qu’il réalisa que ses procédés d’écriture musicale d’avant-garde des années 60 étaient désormais dépassés. Le concerto « Résurrection » est dédié aux victimes de l’attentat du 11 Septembre 2001 contre le World Trade Center de New-York. La désignation de ce concerto ne contient pas de référence religieuse mais est un vibrant appel universel à la vie après la tragédie. Vaste et sombre fresque en un long et unique mouvement de caractère cyclique, cette monumentale pièce est ponctuée de brèves parties lentes, apaisant le lourd climat de cette partition. Cette œuvre profonde et bouleversante est marquée, du début jusqu’à la fin, par une fulgurante et inéluctable avancée en forme de marche implacable, où l’écriture très rythmée du piano s’associe à celle d’un orchestre somptueux et rutilant. L’emploi des cordes graves, procédé cher à Penderecki, souligne à merveille les puissants appels des cuivres, ponctués par les riches percussions dont les cloches enregistrées. Le pianiste Florian Uhlig et Lukasz Borowicz, dirigeant l’orchestre de la Radio Polonaise, se montrent en pleine osmose par leur engagement, et restituent toute son authenticité à ce concerto. Par l’intensité de son jeu, le soliste met parfaitement en relief la robustesse de l’écriture pianistique. Une prise de son lumineuse et précise rend justice à ce chef d’œuvre exceptionnel ! (Pierre Vassal)

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