Luigi Boccherini (1743-1805)
Symphonie en ré majeur, G 490
Symphonie en ré majeur, G 500
Symphonie en do majeur, op. 7
Symphonie en do majeur, op. 10 n° 4
6 Symphonies, op. 12
6 Symphonies, op. 21
6 Symphonies, op. 35
Symphonies, op. 37
Symphonie en do mineur, op. 41, G 519
Symphonie en ré majeur, op. 42, G 520
Symphonie en ré mineur, Op 45 n° 5, G 522

Deutsche Kammerakademie Neuss
Johannes Goritzki, direction

Boccherini représente pour certains mélomanes réceptifs et musicologues avisés la troisième figure de la musique instrumentale de l’ère classique, juste derrière ses contemporains viennois. L’ample souffle mélodique propulsant le mouvement, l’importance des vents, le caractère irrationnel, échappant à l’analyse, de l’ambiguïté joie-mélancolie des oscillations majeur/mineur dans une même phrase le rendent parfois étrangement proche de la sensibilité de Mozart. Il n’y eut par ailleurs aucun autre compositeur italien ayant comme Haydn stylisé, spiritualisé les carrures rythmiques fortement accentuées issues des musiques populaires, les harmonies et modulations étranges, inusitées, parfois savantes. Ils eurent aussi en commun le goût pour la théâtralité des contrastes et la présence fréquente de solistes introduisant l’écriture concertante dans la symphonie. Ce genre non concerné par la cadence de production spécifique des cent-vingt-cinq quintettes à cordes témoigne néanmoins de l’affirmation constante d’un style irréductible malgré les similitudes évoquées. Imprégnés de l’âme ibérique, les élans sanguins, les ambiances nocturnes, les adagios contemplatifs et les clair-obscur n’appartiennent qu’à lui. L’équilibre entre le dionysiaque et l’apollinien maintenu par Goritzki rend justice au foisonnement de rythmes, de couleurs et d’évocations pittoresques de cette musique séduisante et non séductrice, contrastée et non capricieuse. La présente intégrale donne en effet définitivement congé à l’expression « rococo » au profit de « pré-classicisme », si ce n’est « classicisme ». (Pascal Edeline)