Un bémol : pour le Concerto piano trompette de Chostakovitch, on choisira pour la partie de piano d’autres mains féminines que celles de Maria Radutu, à la fois discrètes et trop imprécises, Maria Grinberg hier, Martha Argerich aujourd’hui, ont réglé la question une fois pour toute. Non, l’intérêt du disque est du coté de la trompettiste. Selina Ott est prodigieusement narquoise dans le Chostakovitch, d’une ironie mordante, on la croirait sorti du Nez tant sa sonorité ferraille. Ah, elle n’entend pas jouer en beau son ici, mais elle le fera dans un Concerto de Weinberg d’anthologie, élans cuivrés, legato espressivo, une trompette qui proclame, chante ou médite à l’égal de celle de Timofei Dokshitser. Clou de l’album, le Concertino de Jolivet, son subtil mélange de faux jazz et de vrai néoclassicisme, sa suractivité rythmique capricieuse dont Selina Ott s’empare avec brio : sa lecture piquante est une alternative gagnante à la version anthologique de Maurice André et du compositeur, d’autant que Dirk Kaftan se montre d’une précision redoutable dans une partition particulièrement piégeuse, avec cette fois une Maria Radutu performante. Un peu de Rachmaninov pour finir, ajout à vrais dire inutile : une trompette n’est pas une soprano. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Sélina Ott continue son exploration du répertoire pour trompette au vingtième siècle. Sa maîtrise comme sa sonorité puissante, claire et charnue sont confondantes. Le concerto pour piano et trompette de Chostakovitch est déjà bien servi au disque, mais rarement abordé comme ici non par le biais du piano (ayant pour vedettes Chostakovitch, Argerich, Hamelin…) mais par celui de la trompette, (partie généralement reléguée au trompettiste de l’orchestre), rééquilibrant ainsi les rôles. Sélina Ott en donne une version éblouissante à l’égal de son excellente co-soliste Maria Radutu qui par le fait est moins mise en valeur. Le rarissime concerto pour trompette de Weinberg s’approche par son esprit et ses traits humoristiques de celui de son ami Dimitri Chostakovitch (écoutez « fanfares » et ses allusions à Bizet et Mendelssohn). Une œuvre à découvrir ! Le virtuose et complexe concertino de Jolivet n’est pas non plus très couru bien qu’il ait été souvent joué par Maurice André. Il est typique du style français de la seconde moitié du 20ème siècle. Dans une tout autre atmosphère, ce disque s’achève dans une douceur recueillie par la transcription pour trompette et piano d’une magnifique mélodie de Rachmaninov. (Jean-Noël Regnier) After the great success of her debut album (a 2021 OPUS KLASSIK award winner) and her duo album with pianist En-Chia Lin, Selina Ott teams up with renowned pianist Maria Radutu for her third recording, in which Dirk Kaftan conducts the ORF RSO in three works by Dmitri Shostakovich, André Jolivet and Mieczyslaw Weinberg. Shostakovich’s Concerto for piano, trumpet and string orchestra (1933) is notable for a prevailing parodistic tone, which features in hardly any of his other works. Many of the themes that lend the musica distorted, grotesque face are assigned to the trumpet. Although the instrumentation for André Jolivet’s Concertino (trumpet, strings and piano) is exactly the same as that for the Shostakovich, the latter is more of a piano concerto, while Jolivet’s is more of a trumpet concerto. Like Shostakovich, Mieczyslaw Weinberg also incorporates several quotations into the final movement of his Trumpet Concerto (1967) – the fanfare from Mendelssohn’s Wedding March, for example. Referred to by Shostakovich as ‘a symphony for trumpet and orchestra’, the work presents music with a taut inner structure and logical consistency.
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