Vilma von Webenau (1875-1953)
Quatuor pour piano en mi mineur
Sonate pour violloncelle et piano
Miniatures pour violon et piano

Nina Karmon, violon
Stefan Fehlandt, alto
Alexander Hülshoff, violoncelle
Oliver Triendl, piano

Compositeurs, Compositrices… et si, en cette reviviscence des féminismes tous azimuts à la mode, on ne s’intéressait qu’aux compositions pour leurs qualités intrinsèques ?... Ce serait indéniablement un moyen de véritablement juger la qualité et l’importance des œuvres de Wilma von Webenau (1875-1953) dont la vie se résume à peu de choses : une naissance à Constantinople, les leçons de composition qu’elle prit d’Arnold Schoenberg (1874-1951) autour de 1910, la perte de sa particule noble en 1920, son souci de ne pas collaborer musicalement avec les autorités nazies après l’Anschluss, le peu de traces laissées dans l’institution musicale de Vienne, sa pauvreté grandissante et une misérable mort dont le cimetière de Vienne ne conserve pas même la tombe… Oliver Triendl est incontestablement le héraut et le champion des causes oubliées avec une discographie, depuis 1991, de plus d’une centaine d’œuvres perdues, essentiellement des compositions s’étendant du milieu du XIXe siècle à la fin du XXe. Avec Webenau, le voici, entouré de musiciens aussi engagés que lui-même, désireux de faire reconnaître et apprécier une musique fortement imprégnée des tours et façons du romantisme tardif mêlés à de fugaces tentations post-romantiques. Les leçons de Schoenberg, du Schoenberg de "La Nuit transfigurée" (1899) ou de son premier Quatuor (1905) sont perceptibles dans ce Quatuor avec piano en Mi mineur de 1923. Mais rien ne transparaît d’une véritable modernité en cette année où Schoenberg inaugure sa technique de composition sérielle fondée sur l’exploitation du dodécaphonisme. Il en va de même pour l’aimable Sonate pour Violoncelle et piano de 1949 et les 7 Miniatures complétant cet enregistrement. En dépit d’interprétations de superbe qualité, l’impression d’un temps de naguère qui se serait comme arrêté devant les audaces de l’atonalité auxquelles Liszt en 1885, Abel Decaux en 1902, ou Scriabine en 1910 avaient pourtant déjà succombé. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)