Compositrice oubliée, modeste de nature et affectée par une vie qu’ont traversée les deux conflits mondiaux du XXe siècle, Maria Herz (1878-1950), sans lien d’aucune sorte avec Henri Herz (1803-1888), voit aujourd’hui une partie de son œuvre émerger de la poussière grâce au beau talent d’Aude St-Pierre, pianiste canadienne résidant actuellement en Allemagne, où elle redonne vie à tout un corpus de compositeurs que l’histoire a maltraités : Adolf Busch, Richard Rosenberg ou Karl Weigl. On saluera cet enregistrement comme il se doit, non seulement en raison des talents de l’interprète, mais aussi et surtout en raison de la qualité de la musique à laquelle elle redonne vie. Nulle trace d’une quelconque féminité ostentatoire dans cette musique pleine de couleurs, de chair et d’intelligence que, malheureusement Vladimir Horowitz, en 1935, malgré les recommandations de son agent aux USA, n’eut ni le courage ni la générosité de présenter en public. Le violoncelliste Eduard Feuermann ne fut pas meilleur avocat en 1939. Hans Rosbaud et la contralto hongroise Ilona Durigo, d’une émouvante sincérité, eurent seuls ce courage et cette générosité en offrant au public la découverte des œuvres orchestrales de Maria. Laissons-nous donc gagner par une musique d’une captivante authenticité comme dans les Variation sur le Prélude de Chopin op.28/20, les Valses ou Ländler si subtilement harmonisés et composés de son op. 2 composé avant 1911, et surtout dans cette surprenante Sonate en Fa mineur de 1922, pleine de flamme et de rigueur qui n’a rien à envier aux œuvres contemporaines de Hindemith (Suite pour piano) ou de Bartok (1926), quelque différentes d’inspiration qu’elle soient mais qui se retrouvent dans un langage moderne véritablement original. Une découverte à ne manquer sous aucun prétexte, tant en raison de l’interprète que des œuvres de Maria Herz. Admirable et très recommandé. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) Among the wealth of great music by female composers that has finally reclaimed the world’s stages in recent years, the works of Cologne-born Maria Herz, who died in American exile, stand out as rare treasures. The internationally rising Canadian pianist Aude St-Pierre earns great acclaim with her new GENUIN album, which brings the piano music of this exceptional composer to light. Herz's development from her early Chopin variations and the Ländlers Op. 2 to her Sonata in F minor is breathtaking, hinting at an unrealized future silenced too soon. St-Pierre’s piano playing illuminates the music of the Fin de Siècle era in all its vivid colors!
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