Avec ce nouvel enregistrement centré sur les premiers Concertos viennois pour piano et orchestre de Mozart, le pianiste américain semble entreprendre le début d’une intégrale de ces Concertos puisque les K 453, 488, 491 et 503 ont déjà été publiés par le même label néerlandais. Avec les K 413, 414, 415, respectivement en Fa majeur, La majeur et Ut majeur, tous composés en 1782, Mozart, après sa violente rupture avec l’Archevêque de Salzbourg, Coloredo, s’établit à Vienne comme musicien indépendant et lance des concerts à souscription pour lesquels il a besoin de matériel neuf en tant que soliste. Ces trois Concertos inaugurent ainsi la grande série des treize autres qui suivront jusqu’au K 595 de 1791. On connaît la lettre que Mozart écrit à son père : « Ces concertos constituent un compromis heureux entre ce qui est trop facile et ce qui est trop difficile ; ils sont très brillants, agréables à l'oreille, naturels, sans être insipides. Il y a des passages ici et là où seuls les initiés peuvent y trouver satisfaction, mais ces passages sont écrits de manière que les non-connaisseurs en puissent être contents, mais sans savoir pourquoi ». Les deux premiers se révèlent effectivement d’une douce et heureuse intimité tandis que le dernier, avec sa tonalité rayonnante d’Ut majeur donne dans une grandiloquence militaire assez burlesque qui pimente d’humour cette série. Accompagné du Concertgebouw Chamber Orchestra avec son excellent premier violon, Michael Waterman, Ben Kim offre de ces œuvres des interprétations remarquablement sensibles, et techniquement immaculées, qui ne sont pas sans rappeler la ferveur et l’élégance du grand mozartien qu’était Walter Klien ; le tout dans une captation aérée mettant parfaitement en valeur les différents plans sonores de l’enregistrement, ce qui ajoute indéniablement à la qualité de ces interprétations. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) La belle idée, filer les trois concertos où Mozart se libère, faisant chanter des opéras dans son clavier ! Ben Kim, qui poursuit tranquillement son intégrale (deux premiers volumes ont paru, j’y reviendrai), ne tire surtout pas la couverture à lui. Avec l’appoint assez somptueux de la formation Mozart du Concertgebouw il joue la carte d’un dialogue très musique de chambre, véloce dans les allegros mais ne sacrifiant pas les apartés, hors du temps dans des andantes très chantés, les modelés de son jeu de clavier se fondant dans la palette moirées des bois. Merveille de la triade, le 12e, dont le pianiste américain saisit avec une désarmante élégance le demi-caractère, le ton de sérénade entre giocoso et mélancolie, mais il ne faut pas négliger la poésie du Tempo di menuetto qui referme le 11e, et savourer le ton très "Noces de Figaro", le petit théâtre virtuose d’un 13e Concerto finement enlevé. (Discphilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé) Concertos No. 11, 12, and 13 were Mozart’s first Concertos written upon moving to Vienna from Salzburg. In a letter addressed to his father Leopold, he described them as “a happy medium between too easy and too difficult; very brilliant, pleasing to the ear, and natural, without being vapid.” By then, Mozart was free of his father’s dominating presence. He wrote them to win over Vienna, and they did, firmly establishing him as Europe’s premier composer. But with these pieces, he was also seeking confirmation from his father. And the desire for parental approval is a basic one. Indeed, there are many moments in the Concertos, whether sublime or gallant or majestic, where one still feels a sense of child-like wonder.
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