Giuseppe Verdi (1813-1901)
Don Carlo, opéra en 4 actes

Gundula Janowitz, soprano (Elisabeth de Valois)
Shirley Verrett, mezzo-soprano (La princesse Eboli)
Franco Corelli, ténor (Don Carlo)
Eberhard Waechter, baryton (Rodrigue)
Nicolai Ghiaurov, basse (Philippe II)
Martti Talvela, basse (Le grand inquisiteur)
Tugomir Franc, basse (Un moine)
Edita Gruberova, soprano (Thibault)
Ewald Aichberger, ténor (Le Comte de Lerme)
Judith Blegen, soprano (La voix du ciel)
Chor und Orchester der Wiener Staatsoper
Bühnenorchester der Wiener Staatsoper
Horst Stein, direction

L’orage éclata aux saluts qui concluaient la mémorable première de la nouvelle production de "Don Carlo" proposée par l’Opéra de Vienne en 1970. Lorsqu’Horst Stein paru, une bronca s’éleva, médusant le chef. Rien contre son art, il dirige avec une sombre grandeur digne de l’Escorial ce "Don Carlo" demeuré historique, mais tout contre sa personne. Les nostalgiques de Karajan, qui venait de quitter le théâtre, l’incriminait comme responsable de ce départ, alors même que Karajan l’avait invité, et quasi investi. Lorsque je pus échanger pour l’unique fois avec Horst Stein à Bâle, en 1989 (Heinrich Sutermeister avait arrangé la rencontre), j’eu l’indélicatesse d’évoquer ce "Don Carlo". Son œil ne cilla pas, et son seul commentaire fut "Janowitz était formidable". J’imagine qu’il avait eu le temps de méditer les mots qui ouvrent le dernier air – une quasi stance morale – d’Elisabetta. Oui Gundula Janowitz est magnifique, et transcendante dans "Tu che la vanita", même face au souvenir laissé aux Viennois venus en 1958 à Salzbourg, par Sena Jurinac (pour Janowitz chez Verdi, Amelia Grimaldi suivra), mais tout le cast est sans faille. Le chant stylé d’Eberhard Waechter triomphe du tempo très retenu que lui impose Horst Stein, amoureux de son souffle infini, de cet aigu qui semble sortir d’une gangue de bronze, Posa idéal au physique, on s’en doute, mais aussi de timbre. Certains ne diront "pas assez italien" et certes il n’est pas Ettore Bastianini, mais les mots, l’amertume et la bonté des mots, jusque dans la mort, n’auront existés à ce point que chez le jeune Dietrich Fischer-Dieskau pour Ferenc Fricsay, et pas dans la même langue ! Fabuleuse Shirley Verret évidemment, virtuose pour le voile avec l’aigu si aisé, mais terrible dans l’amertume furieuse pour "O don fatale", terrorisant jusqu’à l’asphyxie le duel vocal entre l’Inquisiteur de Matti Talevla et le Filippo de Nicolaï Ghiaurov que la critique désigna comme l’acmé de la soirée. Il y en eu d’autres, et d’abord, tout du long, le Don Carlo de Franco Corelli, tenu dans un style dont il ne fut pas toujours coutumier (moins souvent qu’on le prétend cependant) , par la baguette aussi attentive qu’exigeante d’Horst Stein. Laissez-les ouvrir pour vous les portes de cet Escorial empoisonné. Historique, et enfin rendu d’après les bandes originales : le gain est considérable face aux éditions précédentes. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)

The present re-release contains the premiere of the new Don Carlo production from October 1970 in Vienna. The occasion was marked by a great scandal caused by Karajan’s fans, who expected their idol to conduct the new production. Karajan, however, entrusted German conductor Horst Stein with the new production and, although Stein – by then for several years repertoire conductor with the Vienna State Opera – had until then been, a favourite of the local audience, on this occasion he was greeted at the curtain call with a torrent of boos, which were completely unrelated to his artistic performance. The singers, by contrast, were cheered to the rafters; the house had hand-picked the cast for this production, right down to the smallest role. The booklet offers detailed information about the scandal and indignation surrounding the premiere, together with archive photographs of the stage set.