La réputation de dandysme mondain de Reynaldo Hahn a desservi sa postérité : ce n’est qu’après un long purgatoire qu’on redécouvre peu à peu son œuvre. Rien de révolutionnaire, ni d’avant-gardiste dans la trentaine de pièces et de recueils pour piano, rassemblés dans ce coffret de 4 CD au minutage très généreux. Tous les parfums de la Belle Epoque sont exhalés par les doigts charmeurs et virtuoses d’un pianiste italien, Alessandro Deljavan, 35 ans, qu’on avait déjà repéré dans de remarquables Chopin. Les deux premiers CD sont constitués du recueil "Le Rossignol éperdu" (1909/10), soit près de 70 mélodies sans paroles, réparties en séries intitulées "Orient", "Carnet de voyage" ou encore "Versailles" où planent l’ombre du premier Debussy, les charmes d’un Massenet, les harmonies d’un Fauré. On y retrouve ce qu’Emmanuel Berl écrivait du compositeur : "Sa conversation avait un grand charme qui ne tenait pas seulement à son talent de musicien et de chanteur, mais à l'étendue de sa culture, à son usage du monde, à un enthousiasme généreux et narquois, dont on subissait aussitôt la contagion, à une disponibilité qui est à la fois un attribut de l'intelligence et une forme de la bonté". Les CD 3 et 4 contiennent une autre cinquantaine de pièces, d’inégale inspiration, mais dont l’écoute ne lasse jamais. Une curiosité que ces quatre portraits de peintres "Pièces pour piano d’après les poèmes de Marcel Proust". De celui qui fut son amant et "ami idéal", l’auteur de la "Recherche" écrivait dans Le Figaro du 11 mai 1903 : « cet 'instrument de musique de génie' qui s'appelle Reynaldo Hahn étreint tous les cœurs, mouille tous les yeux, dans le frisson d'admiration qu'il propage au loin et qui nous fait trembler, nous courbe tous l'un après l'autre, dans une silencieuse et solennelle ondulation des blés sous le vent". On ne boudera pas son plaisir de disposer de l’intégrale de l’œuvre pianistique de Reynaldo Hahn – avec ici plusieurs premières au disque – enregistrée à Tarente, dans le sud de l’Italie, il y a une dizaine d’années – prise de son somptueuse – par un interprète de tout premier plan. (Jean-Pierre Rousseau) First released in 2015, unavailable now for some time, this complete survey of Reynaldo Hahn’s piano music features several first recordings as well as a feast of charming and unfamiliar music from the golden age of the French salon. Though he is probably now best known for a stream of winning and witty songs, the shimmering diversity of Hahn’s output for solo piano bears the mark of quintessentially French qualities, as though the Venezuelan composer was seeking to demonstrate that Paris was his true home. Many pieces here derive their refined charm not only from their elegance, their lightness of touch and sensuous harmony – all ‘French’ qualities by association – but Hahn is still capable of springing surprises throughout the novel forms and piquant harmonies of his most substantial collection, Le rossignol éperdu. Themes running through this music are deft portraits of people, landscapes and seas: a quartet of painters inspired by the poetry of Proust (1894); from two years earlier, an 11- minute suite dedicated to moonlight (Au clair de lune); a sextet of delicious Asian and near-Eastern evocations such as a nocturne over the Bosphorus. Hahn readily adopts a neoclassical costume when it suits him, in eight tone-paintings of Versailles and the Thème varié sur le nom de Haydn which he was invited to write in 1910 as a centenary tribute alongside Debussy and the other French greats of their day. Alessandro Deljavan began studying the piano when he was not quite two years old. By the age of 16, he had already graduated from his degree in piano from the Verdi Conservatory in Milan. He has performing worldwide, and been placed highly in many competitions such as the Van Cliburn in Texas. ‘When one listens to [Deljavan], one realizes that he is a thinking artist,’ according to Fanfare magazine, reviewing his Piano Classics album of Alkan (PCL0051). This is one of several Piano Classics recordings to have won widespread critical acclaim for Deljavan’s technique, musicianship and total command of both canonic and unfamiliar works.
|