Olivier Messiaen (1908-1992)
Des canyons aux étoiles

Jason Hardink, piano
Stefan Dohr, cor
Keith Carrick, xylorimba
Eric Hopkins, glockenspiel
Utah Symphony Orchestra
Thierry Fischer, direction

On connait la genèse de l’œuvre : une commande d’Alice Tuly pour commémorer le bicentenaire de l’indépendance des Etats-Unis, Messiaen cherchant son sujet et en trouvant l’objet dans les canyons du sud de l’Utah, couleurs des roches, chants d’oiseaux, miroir du ciel immense au dessus, le paysage et la voie lactée, la terre et le ciel, le son des étoiles et la parole de Dieu. Cette nouvelle œuvre monde, qui dans le catalogue de Messiaen répond à la "Turangalila" – même ampleur, même structure par poèmes, commencé par les mystères du Désert, close dans l’élévation de Zion Park – décourage parfois ses auditeurs par son hétéroclite volontaire où Messiaen semble dresser l’inventaire de son vocabulaire. Bien des interprètes l’auront entendue et vue dans sa dispersion, pas Thierry Fischer qui y saisit à la fois le poème du verbe et sa transfiguration colorée, soignant les raffinements dont Messiaen a parsemé sa partition, mystère des sons de la nature qui produisent une extase mystique panthéiste. Il a pour seconder sa vision un pianiste magnifique, Jason Hardink, mariant ses timbres à ceux de ses alter égos, le Xylorimba et le glockenspiel, sans oublier l’arsenal des percussions dont le poudroiement résonne dès "Ce qui est écrit sur les étoiles". A mesure que se dévoile l’univers de cette partition énigmatique, Thierry Fischer atteint au mysticisme que visait le compositeur. Aurait-il trouvé le nouvel objet de son art ? En tous cas, les splendeurs de l’Utah Symphony devraient l’encourager à poursuivre dans l’univers Messiaen. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé)