![](images/spacer.gif) Si l’on voulait observer une stricte parité entre compositeurs et compositrices, il y faudrait quatre fois plus de femmes. Le mari ne dit-il pas de son épouse qu’elle est sa moitié ? On n’y est donc absolument pas !... et ce scrupule ne dut pas effleurer la conscience de Lodovico Sirmen (1738-1812) lorsqu’il fit de Maddalena Laura Lombardini (1745-1818) son épouse en 1767. En effet, si, curieusement pour l’époque, son nom ne restait pas accolé à celui de cette dernière, personne ne se souviendrait de lui ni de la position qu’il occupait à Bergame. Mais voilà, Maddalena Laura Lombardini, instruite à l’Ospedale dei Mendicanti de Venise, avait non seulement un talent de violoniste virtuose dans la lignée de Tartini (1692-1770), de cantatrice et de claveciniste, mais elle possédait également de réelles capacités de compositrice dont témoignent des Concerti pour violon ainsi que de multiples Duos et Trios. Grande voyageuse — fait rare pour une femme à l’époque — elle se produisit à Dresde, Saint Petersbourg, Liège, Amsterdam, Paris avec une solide réputation de classicisme italien jusqu’à ce que les goûts et les styles changent à l’approche de la Révolution. Elle tomba progressivement alors dans l’oubli. Une des premières à composer des Quatuors, à une époque où cette forme cherchait encore à se définir et stabiliser, Maddalena Laura figure dans un catalogue d’éditeur en compagnie des Quatuors op. 9 de Haydn. Les six Quatuors op. 3, que présentent avec enthousiasme les membres du Lombardini Quartett, comportent deux mouvements ; le premier, généralement chantant dans un tempo Andantino, le second, beaucoup plus libre d’inspiration et de construction, mêlant Fugato, tempi rapides, inspiration « all’ungarese » dans une sorte de perpétuelle régénération de l’inspiration. Ce sont là, manifestement, des œuvres originales, d’un grand charme, d’une grande vivacité, et d’une vitalité remarquable, auxquelles le Lombardini Quartett confère la reconnaissance de toutes leurs qualités. Qualités d’autant plus remarquables, encore une fois, lorsqu’elles sont rapportées aux conditions sociétales dans lesquelles la compositrice rédigea ces œuvres et les interpréta en faisant choix d’une vie libre et affranchie de la tutelle maritale à une époque où il n’était pas de bon ton de s’en libérer. (Jacques-Philippe Saint-Gerand) ![](images/spacer.gif) The Lombardini Quartet is not only named after the Venetian violin virtuoso and composer Maddalena Laura Lombardini Sirmen, but now also recorded her versatile "Sei quartetti" op.3 from 1769. Lombardini Sirmen was one of the few women to realise a career as a professional musician in the 18th century and, according to sources, the first woman to compose string quartets, at a time when this genre was still extremely young and in the formal experimental stage. The interpreter's highest credo is always the speaking play and the uncovering of all affects in the music, of the finest emotions, which often change so quickly in the quartets - a veritable rollercoaster of feelings. All the quartets are in two movements and enchant with their variety of colours and richness of form: "Like a walk through a blossoming spring meadow: It is worthwhile to turn one's gaze very carefully to the many beauties that nature offers to the left and right. We felt the same way about Lombardini's music: many little flowers by the wayside to discover, some large and recognisable at first glance, some very small and easy to overlook. It is fragile music that reveals a rich inner life on closer inspection," says Elisabeth Wiesbauer of the Lombardini Quartet.
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