René de Boisdeffre (1838-1906)
Première Sonate pour piano et violon, op. 12
Trois Pièces en quatuor, op. 64
Deux Pièces pour violon et piano, op. 21
Mélodie pour violon avec accompagnement de piano, op. 6
Canzonetta pour violon et piano, op. 39 n° 8
Deuxième Mazurka de Benjamin Godard (op. 54) transcrite pour violon et piano par René de Boisdeffre

Andrzej Kacprzak, violon
Anna Mikolon, piano
Krzysztof Komendarek-Tymendorf, alto
Adam Garnecki, violoncelle

Les lecteurs de ClicMag connaissent bien le travail de réhabilitation de l’œuvre de René de Boisdeffre (1838-1906) entrepris par Jan A. Jarnicki et soutenu par le label Acte Préalable. S’il n’était qu’un des seize volumes publiés jusqu’ici méritant d’être retenu, ce serait assurément celui-ci, magnifique. La première Sonate pour violon et piano op. 12 date de 1872 et surprend déjà par son ampleur : quatre mouvements se déployant sur plus de trente-cinq minutes. Elle porte significativement le même numéro d’opus que celle de Lalo (1873) et peut légitimement être considérée comme le pont secret reliant un romantisme classicisant aux grandes œuvres novatrices de Fauré (1876), Franck (1886) ou Saint-Saëns (1885), sans déparer au regard de ces dernières. Cette œuvre porte la marque des passacailles de Bach (3e mouvement Andante con moto), mais aussi celle du génie structurel de Beethoven (1er mouvement Allegro con brio), du lyrisme alerte de Mendelssohn (4e mouvement Allegro vivace), de l’alacrité spirituelle de Saint-Saëns (2nd mouvement Allegretto scherzando). Éloquemment servie ici par l’archet impérial d’Andrzej Kacprzak et le piano virtuose toujours inspiré d’Anna Mikolon, elle mériterait largement de figurer au programme des grands violonistes contemporains. En addenda à cette œuvre, les Deux Pièces op 21, la Mélodie op. 6, la Canzonetta op. 39/8 et la transcription de la 2nde Mazurka de Benjamin Godard donnent aux interprètes l’occasion de briller. Quant aux Trois Pièces en quatuor op. 64, ce sont plus que des miniatures intimistes qui offrent à nos interprètes, auxquels se sont adjoints l’alto de Krzystof Komendarek-Tymendorf et le violoncelle d’Adam Garnecki, l’opportunité de dialoguer dans une harmonie heureuse pleinement assurée et d’autant plus convaincante des mérites d’une musique à redécouvrir. (Jacques-Philippe Saint-Gerand)

René de Boisdeffre is a neglected composer from the second half of the 19th century, even if during his lifetime he enjoyed considerable success. The composer studied music regularly but not at a school. After learning the fundamentals of music in a family setting, René became the student of Charles Wagner. Succeeded by Wagner was Auguste Barbereau, who was restrained by his conservative stance but an excellent musical theorist. After a meeting with Saint-Saëns in 1862, Boisdeffre abandoned his second teacher and began an independent career. Even if his music owes much to a familiarity and understanding of the classics, it would be inaccurate and hasty to call his music conservative, with all the negative connotations the term inevitably brings with it. Such facile and hasty judgements are disputable; unjustified because in reality Boisdeffre, is a mature, coherent product of his milieu. Boisdeffre chose a path that passes not from experimentalism, but from expressive clarity. His melodic vein, never banal, is characterized by a great transparency, and declares an undeniable inclination to communicative clarity. It is a music made of cleanliness and order, but not for this ‘easy’: the expressive substance is always urgent and present but distilled in formal paths, clear, reassured. The economy of the adopted means therefore seems to be an elective choice, not the indication of a lack of resources, and allows the composer to turn to his listener with grace, in a gathering, interlocutory, lovable dimension. (...)