Sixième livraison (vers une intégrale ?) du label polonais « Acte Préalable » consacrée, cette fois, à la musique pour violoncelle et piano de René de Boisdeffre, contemporain de Saint-Saëns, Bizet et Chabrier, compositeur si ce n’est oublié, tout au moins sous-entendu et sans doute mésestimé. En effet, maniant une mince palette de chambriste et s’aventurant avec prudence dans la musique vocale et chorale, il fuit la couleur des grands genres et semble éviter le wagnérisme de l’époque. Le doit-on à sa formation musicale hors des institutions, à sa modestie de compositeur, à un certain dilettantisme ou à un choix esthétique lié étroitement à l’usage social de sa musique ? Jan Jarnicki, maitre d’œuvre de l’édition, souligne la contrainte opérée au cours du XIXème siècle, par le salon bourgeois et aristocratique sur la production musicale. « Musique de salon », sans doute ! « Salonnarde », pas le moins ! Six œuvres, toutes à dédicaces, sont présentées ici : « Six pièces pour violoncelle et piano » opus 15 (1870 ?), pièces de jeunesse dont deux sont perdues, « Elévation », « Deux morceaux », la « Suite », la « Sonate », (entre 1892 et 1894), les « Trois pièces pittoresques » plus tardives. Compositions de petit format, à l’exception de la « Sonate pour piano et violoncelle », en forme de belles pages mélodiques, à la mondanité discrète, stylisées à l’extrême voire simplement allusives : « Elégie », « Sérénade », « Barcarolle », « Lamento » … Le chant solitaire et mélancolique du violoncelle est ici à l’honneur ! On appréciera d’autant mieux sa conversation avec le piano parfois impétueusement romantique (Allegro maestoso) de la sonate. Cet art disparu avec le salon de Madame Verdurin trouve en Luca Fiorentini et Jakob Tchorzewski deux admirables serviteurs. A connaitre. (Emilio Brentani) René de Boisdeffre is a neglected composer from the second half of the 19th century, even if during his lifetime he enjoyed considerable success. The composer studied music regularly but not at a school. After learning the fundamentals of music in a family setting, René became the student of Charles Wagner. Succeeded by Wagner was Auguste Barbereau, who was restrained by his conservative stance but an excellent musical theorist. After a meeting with Saint-Saëns in 1862, Boisdeffre abandoned his second teacher and began an independent career. Even if his music owes much to a familiarity and understanding of the classics, it would be inaccurate and hasty to call his music conservative, with all the negative connotations the term inevitably brings with it. Such facile and hasty judgements are disputable; unjustified because in reality Boisdeffre, is a mature, coherent product of his milieu. Boisdeffre chose a path that passes not from experimentalism, but from expressive clarity. His melodic vein, never banal, is characterized by a great transparency, and declares an undeniable inclination to communicative clarity. It is a music made of cleanliness and order, but not for this ‘easy’: the expressive substance is always urgent and present but distilled in formal paths, clear, reassured. The economy of the adopted means therefore seems to be an elective choice, not the indication of a lack of resources, and allows the composer to turn to his listener with grace, in a gathering, interlocutory, lovable dimension.
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